Nemyo's

mardi, octobre 25, 2005

Improblog (3) : l'amour, le destin, tout ça

Donc : l'amour, sa définition, sa douleur, son oubli ; et le destin, la capacité à changer les choses. Ou non.





- (...)

- Que dis-tu ?

- (...)

- D'accord, tu ne dis rien.

- (silence) ... je cherche, ce n'est pas facile.

- Quoi ?

- Ben le sujet, tu vois, l'amour, le destin, la souffrance, n'a-t-on qu'un seul Amour, fait-il souffrir, peut-on oublir, vivre un autre amour sans avoir l'impression de remâcher un chewing-gum desséché ? Après un amour, faut-il craindre de revivre ce même élan au risque de déchirer l'image gardée au fond de soi ?

- Tu interprètes, là, elle a pas demandé tout ça, Emilie.

- Si, justement, et bien davantage encore.

- Tu crois ?

- Oui, elle a dit : "tu vois le genre", c'est plutôt ouvert, non ?

- Ah, oui, alors je comprends que ce ne soit pas facile.

- (long silence) ... D'abord, il faut traiter le sujet sous forme de dialogue, si on parle d'amour, c'est plus logique.

- Tu trouves ? Je n'en suis pas sûr, moi.

- Ah non, ne commence pas à tout embrouiller !

- Non, je suis sérieux : pour vivre un amour il faut être au moins deux, mais pour en parler, être tout seul c'est déjà presque trop.

- Tiens, tu es philosophe, maintenant ?

- Forcement, puisque je suis toi.

- Non, tu n'est pas moi, c'est nous qui sommes lui.

- Qui, lui ?

- Ben lui, Nemyo, enfin, ... plutôt celui qui se fait appeler Nemyo.

- Ah, lui. Oui, peut-être (...) tu crois pas qu'on s'éloigne du sujet ?

- Comment veux-tu qu'on s'éloigne d'un sujet qui englobe tous les autres ?

- C'est ça, c'est ça, continue à esquiver, et continue à me prendre pour un con.

- Bon, ok, j'admets, je ne sais pas trop comment le prendre : l'amour, sa définition, sa douleur, son oubli ... et puis le destin aussi, la capacité à changer les choses ?

- C'est la même question, non ?

- Oui, si on veut. Mais j'ai peur d'être pompeux, d'aligner les aphorismes, de débiter des platitudes déguisées en réflexions de vieux sage. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Surtout pas l'autre.

- (long silence) Et si tu essayais de faire ... simple ?

- Tu veux dire, arrêter d'esquiver ?

- Oui.

- Salaud.

- Je sais.

- OK, je vais essayer.
(long silence).
L'amour, c'est la tentative d'apprivoiser cette expérience presqu'insoutenable qu'est l'altérité : aimer l'autre pour supporter de n'être pas l'alpha et l'omega. On aime pour ne pas trop se savoir incomplet. C'est la même chose pour la religion, d'ailleurs : une sorte d'escroquerie nécessaire. Pas étonnant d'ailleurs que le sentiment religieux se pare souvent des traits de l'amour et en emprunte les codes, comme un coucou emprunte le nid des autres. Dans l'"amour-complétude", le plaisir physique aide beaucoup, il peut même parfois avoir un semblant de vie autonome, mais jamais très longtemps.

La douleur ? C'est la perte de l'amour, qui renvoie à ses craintes, à son incomplétude. Mais la perte n'est rien. On peut supporter de tomber, si l'on sait que l'on va se relever. Ce n'est qu'une question de temps. Et l'on apprendra toujours à aimer ses cicatrices. L'oubli ? oui, bien sûr.

On oublie toujours. C'est neuro-chimique, physiologique. On ne peut vivre sans oublier.

Et le destin ? Oui, c'est vrai, le décor est en place, tu ne choisis pas toujours les lumières et la musique, et beaucoup de choses sont écrites à l'avance : mais ce sont des fragments de mots, des bouts de phrases. C'est à toi de composer le texte. Et de jouer la pièce, après. En aimant les autres acteurs, si possible.



- ... eh bien tu vois, ce n'étais pas si compliqué. Et, au passage, elle est pas mal, ta comparaison avec le théâtre. Facile, mais pas mal.

- Ta gueule.

(Rideau)

Improblog (2bis) : les habitudes

Après la réflexion, l'énumération :


1) me raser en commençant toujours par la joue droite et en terminant toujours par l'aile gauche de la moustache. toujours

2) dormir toujours avec les rideaux ou volets ouverts. toujours

3) dans une ville, toujours me promener à pied, en regardant les toits des immeubles. toujours.

4) en amour, toujours des femmes. toujours.

5) dans un bain, toujours m'immerger totalement au moins deux minute, sans qu'un centimètre carré de peau n'émerge. toujours

6) jamais de pain, avec le fromage. jamais

7) la nuit, ne jamais allumer la lumière pour aller pisser, fermer une porte ou une fenêtre. jamais

8) en avion, toujours le couloir, jamais le hublot. jamais.

9) chez le coiffeur, toujours demander ce shampooing à l'odeur d'amande, qui rappelle la colle utilisée à six ans. toujours.

10) essayer d'éviter les mots "toujours" et "jamais". presque toujours.

Improblog (2) : "Les habitudes"

Loin d'ici.

Dans le désert, un désert, loin, je ne sais pas où exactement, je sais juste ça, c'est un désert. Loin d'ici. Du sable et du vent sur le sable. Un plasma de chaleur pendant le jour, sous le soleil exactement. Et une étendue de gel la nuit, sous un déluge d'étoiles froides.

Dans le désert, je ne sais plus son nom, un désert, loin d'ici, il y a des buissons.

Incongrus, rabougris, desséchés. Ils parsèment le désert, en grappes silencieuses, distants parfois de plusieurs dizaines de mètres.

La curiosité est un vilain défaut, qui conduit à s'attaquer aux buissons.

Par curiosité, on cherche les racines. On cherche à savoir jusqu'où elles doivent plonger dans le sol pour apporter à ces momies végétales mal coiffées les trois gouttes d'eau quotidiennes qui les font survivre.

Alors, l'homme creuse. Il a chaud, mais il a plusieurs gourdes, ça tient lieu de racines. L'homme, lui, croit qu'il peut se passer de racines, qu'il suffit de déterrer celles des autres.

Il creuse, de plus en plus profond. Et trouve des racines. Profondes, bien sûr. Il tente de suivre leur géographie souterraine, l'homme, il suit les racines. Les racines s'enfoncent de plus en plus profondément, puis elles partent dans tous les sens, à l'horizontale. En fait, tous les buissons éparpillés sur plusieurs dizaines de mètres dans le désert partagent les mêmes racines. Ils sont reliés entre eux, les buissons. Et si l'on creuse encore, on s'aperçoit que ces racines elles-mêmes n'émanent que de quelques grosses lianes souterraines, de moins en moins nombreuses et de plus en plus grosses.

Et elles s'enfonçent, ces quelques énormes lianes.

Et plus on creuse, plus elles convergent vers un tronc unique, immense, colossal, enterré plusieurs dizaines de mètres sous le sol et qui, lui-même, s'enfonce à n'en plus finir.

Les racines ne sont pas des racines. Ce sont les branches d'un arbre gigantesque, enterré profondément dans le sol. Les buissons épars ne sont pas des buissons, mais les touffes de feuilles de ces arbres souterrains. Le désert, finalement, n'est qu'une canopée engorgée de sable.

Et personne ne sait où cet arbre, lui-même, plonge ses racines.


(...)

Voilà.


- Voilà, tu as fini ?

- Oui

- Alors tu veux dire que les racines, ce sont les habitudes, et que plus on creuse, plus on va vers la colonne vertébrale de quelqu'un ?

- Je ne sais pas ce que j'ai voulu dire, je ne sais même pas si j'ai voulu dire quelque chose en particulier, je trouve l'histoire jolie, c'est tout.

- "C'est tout", vraiment ? Tu crois qu'en fait, on peut toucher à la marge aux habitudes, débroussailler un buisson ou dégager quelques extrémités de ton arbre englouti, mais qu'au fond, on ne peut pas vraiment toucher à nos habitudes ?

- C'est une façon de voir.

- Ah ça y est, c'est tout toi, ça, tu lance une idée, puis tu ne l'assumes pas.

- Je n'ai pas lancé d'idée, j'ai juste raconté une histoire. C'est toi qui interprètes.

- (silence) ... au fond tu as peut-être raison, et en même temps tu as tort. Peut-être que les habitudes ne sont jamais que l'ultime ramification, la dernière petite veinule de tout notre réseau sanguin. Et si le sang qui coule d'une petite coupure n'est rien, on ne peut pas trancher les artères profondes, ni les remplacer.

- Ah, tu vois, toi aussi tu racontes une histiore, tu choisis une autre image, le réseau sanguin ...

- Tu crois qu'on ne peut pas vraiment changer ? Je veux dire, qu'on peut changer ici ou là une petite habitude, décider de se raser au rasoir électrique après avoir utilisé des lames pendant des années, arrêter le café et passer au thé, commencer le journal par la première page et pas la dernière, mais ... au fond, qu'on ne peut pas vraiment cesser d'être soi.

- C'est quoi, être "soi" ?

- Ah non, ne recommence pas. Tu reviens toujours à ça !

- Désolé ... une vieille habitude.

Improblog (1) : "vous avez une heure, mettez votre nom dans la marge à gauche"

Je ne sais pas si une heure sera suffisante pour mettre mon nom dans la marge à gauche.

Mon papier est blanc, lisse, vierge.

Où mettre la marge ? Pourquoi toujours une frontière ?

Je ne mettrai pas mon nom dans la marge. Et puis, je n'ai pas de règle. Je ne veux pas tracer une marge brouillonne et hésitante. S'il faut une marge, je la tracerai au scalpel, et perdrai mon nom.

Mais je ne mettrai pas mon nom dans la marge.

Et puis je n'ai pas encore choisi mon nom. Celui que je vais utiliser, ici et maintenant.

Je me retourne et fouille dans mon vieux sac de toile où s'entassent mes stocks de noms.

Mitaro ? non.

Nemyo ? déjà pris.

Pi, j'aurais aimé. Un long défilé de chiffres insaisissables. Mais il n'y a pas la place, dans la marge, pour tous les chiffres après la virgule. Surtout que je n'ai pas encore de marge.

Marge à suivre, en avant, marge !

Non, très peu pour moi.

C'est une idée, ça : je vais mettre mon non dans la marge.

Mais le temps passe. L'aiguille tourne, elle est précise, sanglée dans son strict corset de secondes Elle est Suisse, précise et rigoureuse.

Donc, Pi, non.

Tiens, "Pinon".

C'est bien, Pinon. Anonyme, anodin, passe-partout.

Voilà un nom à marge. Un nom qui se tiendra bien sagement, assis à gauche, en haut de la feuille. Incolore et inodore.

Indolore lorsque je tracerai la marge au scalpel.

Et que le nom disparaîtra.

Alors je pourrai commencer à écrire.

Et j'aurai beaucoup plus d'une heure.

En ôtant la marge, j'ai libéré l'aiguille.

Elle tourne à son aise, libre, curieuse.

Toujours Suisse, mais décorsetée, désecondisée, libre, les yeux ouverts.

Voilà. J'ai tout mon temps.

Bon, je vais me mettre à écrire.

lundi, octobre 24, 2005

Impro

J'ai pas mal pratiqué l'impro, au thétre : le principe est simple et connu : un ring, deux équipes d'acteurs en tenue de sport, un public, un arbitre sort une fiche d'un tambour, la lit à haute voix : "improvisation mixte (ou simple), deux minutes, thème 'la valise en carton', à la manière de Charlot" ... et le maître de musique déchaîne ses synthés, la foule commence à scander des encouragements ou fourbir ses huées, et on se lance.

Effet grisant, giclée d'adrénaline garantie. Succès ou pluie de savates sur le ring.

... et si on transposait le principe sur le blog ?

A ma grande surprise, il semble que j'ai quelques lecteurs et trices plus ou moins réguliers et lières.

Mais j'écris peu (ce me fut gentiment reproché).

Certes, mais j'ai une excuse, déjà mise en avant : le seul fait de n'avoir rien à dire, parfois, n'est pas une motivation suffisante pour l'écrire.

Alors pourquoi ne pas tenter l'impro ? Vous me suggérez un thème, je me lance.

Vous ne saurez pas ce que je ferai du thème, je ne sais rien de ce que vous allez me suggérer : avec deux aveugles, on devrait arriver à faire danser un paralytique, non ?

Donc, à vous : fixez le thème, la longueur et le style d'une note, et je m'efforcerai d'en faire quelque chose, quitte à risquer le déluge de savates virtuelles.

... chiche ?

vendredi, octobre 21, 2005

Rendez-vous

Quand j'étais petit, mais vraiment petit petit (Canal + n'existait pas, c'est dire !), genre dix ans, l'an 2000 c'était vraiment l'horizon indépassable de l'avenir humain. On serait tous plus ou moins robotisés et le ciel serait zébré de voitures volantes magnétiques à rétro-pédalage infra-sonique. Et l'URSS était toujours supposée s'appeler l'URSS, et le mur de Berlin, itou.

Vraiment, c'était y'a longtemps, pfiouuuu, le millénaire dernier.

Et aussi, quand j'ai été un peu moins petit (Canal + venait d'être créé, Michel Berger jouait du piano debout et Peter Gabriel venait de quitter Genesis et Guy Lux était déjà ringard), vers 18-20 ans, par là, je me répétais souvent cette phrase, vaguement pompeuse mais malgré tout assez juste :

"dans vingt ans, l'homme que tu seras devenu aura des comptes à rendre à l'homme que tu aurais pu devenir : essaie de ne pas rater ce rendez-vous".

Ben voilà, c'est pour bientôt.

vendredi, octobre 14, 2005

le synonyme de synonyme ...

... c'est lorsque le serpent qui se mord la queue a terminé son repas.

vendredi, octobre 07, 2005

ymghviu

Curieux, je n'ai plus un seul commentaire depuis que j'ai activé cette fonction "vérification visuelle" qui impose d'entrer un code de quelques lettres graphiquement déformées.

J'y avais pris goût, et les réactions me manquent ; ok, tant pis pour les robots spammeurs, je désactive le ymghviu ...

jeudi, octobre 06, 2005

paradoxes

Pourquoi "séparé" s'écrit-il en un mot, alors que "à deux" s'écrit en deux mots séparés ?

Pourquoi "abréviation" est-il un mot si long ?


... et quel est le synonyme de "synonyme" ?

mardi, octobre 04, 2005

bref message du service technique (moi)

Apparemment, ce blog fait l'objet d'une attention touchante de la part de plusieurs robots spammeurs dont les commentaires intempestifs commencent à me les briser menu.

J'ai donc activé une fonction "vérification visuelle" qui, en principe, leur fait le même effet que l'ail sur Dracula et l'huile de foie de ricin ou le logo de TF1 ou Fox TV sur toute personne normalement constituée : ça les éloigne.

J'espère que cela ne gênera pas trop les vrais visiteurs de ce blog, que je salue ici.

(s)explicite (partie 3 : suite et presque fin)

Donc, troisième étape, le début du vif du sujet : le restaurant.

D'emblée, elle écarte les cuisines française et slave, afin qu'aucun de nous ne soit en "terrain connu" (dit-elle). Idem pour les restos italiens, chinois et japonais, trop mondialisés.

Après avoir envisagé un indien et y avoir renoncé, elle choisi ... un traditionnel "Deli" de Broadway, avec son cheese cake parfaitement New Yorkais. Bon, je vous passe les détails, parce que les disgressions mandibulatoires ne sont pas d'un intérêt puissant. Le repas est expédié d'autant plus rapidement que les serveuses nous chassent sans ménagement une fois la dernière bouchée avalée, pour accueillir de nouveaux clients. Faut qu'ça tourne. Et l'on dit que les garçons de café parisiens sont peu aimables, ils devraient aller faire un stage à New York !

Là, on sent qu'on approche du moment clé. Je me sentais d'humeur à ne pas y aller par quatre chemins. Mais elle en avait décidé autrement et, d'autorité, partit à la recherche d'un "petit bar sympa" (en Français dans le texte, elle baragouine quelques mots). Ouais, admettons, je rengaine mes intentions (c'est une image ...) et je la suis.

Quatrième et avant-dernière étape : c'est là, dans le "petit bar sympa" finalement dégotté près de Columbus Circle, que j'ai compris qu'elle attendait que je sois explicite. (S)explicite, en fait. Je m'étais imaginé que nous pourrions continuer sur le mode du suggestif et du non-dit, mais non, il lui fallait que je dévoile mes batteries (c'est encore une image). Personnellement, je n'aime pas trop ça : être explicite dans l'action, ok, mais j'aime l'entourer d'un brouillard de faux-semblants ...

Qu'à cela ne tienne, elle voulait du concret, elle allait en avoir.

Après avoir laissé plané un très long silence à la fin d'un échange de considérations anodines et banales sur Montréal (j'y ai brièvement vécu, et elle y a fait plusieurs séjours), je la regarde longuement droit dans les yeux et dis : "there could be sex, after all..." (she nodded silently). Elle ne répond rien. J'ajoute : je vais régler l'addition, puis sortir pour attraper un taxi. Combien de taxis : un ou deux ? Là encore, elle ne voulu pas endosser la décision, mais sa réponse voulait dire oui : "c'est toi qui choisis le nombre de taxis".

D'accord. Elle fait le choix de me laisser le choix. Donc nous sommes d'accord, car elle ne peut pas douter une seule seconde de mon choix, et l'accepte par avance.

Ensuite, tout se déroule rapidement et dans le plus grand silence.

Je paie, hèle un taxi, donne l'adresse de l'hôtel. Nous ne disons pas un mot pendant le trajet.

Devant l'hôtel, elle semble avoir une dernière hésitation : "Are you certain ?" à quoi je réponds en souriant : "yes I'm pretty sure that this is my hotel ...".

Ascenseur, couloir, porte de ma chambre, clé magnétique, nous entrons.


...

(pause)

Là, ce n'est pas du teasing, mais une hésitation.

Ce qui va suivre est à la fois extrêmement banal, plutôt agréable et totalement explicite.

Il y sera notamment question de *£¤**, de *&$*{$, voire de /²))% et même, si, non ?, si !, de ~#_. En particulier, vers la troisième reprise des hostilités (heureusement, avec le décalage horaire, j'étais encore assez en forme vers 2h00 du mat'), on a même joué avec des `@%µ*=++}**+. Assez cool, d'ailleurs.

Mais là, je passerais les bornes. Il y a assez de blogs porno soft sur la Toile pour me dissuader d'y ajouter mon grain de sel.

D'ailleurs, mon idée en entamant cette série de posts "(s)explicites" n'était pas nécessairement d'aboutir à la description de l'acte lui-même (bien que, l'ayant écris, j'y ai pris autant de plaisir que j'en ai eu à détailler les préparatifs) mais plutôt de décrire le lent cheminement vers celui-ci, avec ses dits, ses non-dits, ses stratégies, etc.


...

(re-pause)

Bref, disons que le récit détaillé, que j'ai écrit dans la foulée, ne figurera pas sur ce blog mais qu'Internet et plus encore l'email offrent d'autres voies aux âmes motivées, curieuses et sans tabou.

Suffit de demander (cliquer sur 'email' dans 'about me' - 'view my complete profile').

lundi, octobre 03, 2005

(s)explicite (partie 2)

(pour un résumé de l'épisode précédent : allez lire l'épisode précédent, c'est celui qui précède)

[mise à jour à 14h45 après un commentaire qui laisse percevoir une ombre de frustration: oui, il y a une suite, c'est dans le message suivant, celui qui suit, en fait le numéro 3, qui va venir, mais après, à la suite - en fait, bientôt.]

La première étape a consisté, bien sûr, à m'assurer sans en avoir l'air que sa soirée était libre et célibataire, tout en l'informant que la mienne l'était aussi.

J'ai fait simple, profitant en début d'après-midi d'une pause entre plusieurs interventions lors du congrès auquel nous assistions tous deux pour feuilleter avec une discrète ostentation (oui, j'adore les oxymores) le programme des concerts et comédies musicales du côté de Time Square. A son regard discrètement interrogateur, je répondis que je choisissais mon spectacle du soir, hésitant entre concert jazz et comédie musicale. Question candide : "que choisirais-tu, toi", lui dis-je ? Jazz, dit-elle, donc, va pour le jazz. Le fait de l'avoir impliquée dans mon choix rendit alors très facile la question suivante, qui coulait de source tout en ayant l'air aussi improvisée que possible : "would you like to join me ?"

Ah ... peut-être étais-je allé trop vite, je la sentis hésiter, mais heureusement pas pour longtemps : "... oui, pourquoi pas" ?

Bon, d'accord, son "pourquoi pas ..." encore un peu hésitant montrait qu'il me restait quelques marches à grimper sur l'échelle de Richter de l'enthousiasme pré-coïtal, mais au moins avais-je plié, en moins d'une minute et à 15h30, le principe d'un début de soirée en commun alors que nous ne nous connaissions que depuis midi.

Jusqu'au concert, la suite est pure question de logistique : convenir d'un lieu de rendez-vous à 19h30, échanger les numéros de téléphone portable "en cas de problème", m'asseoir volontairement assez loin d'elle lorsque le colloque reprend et feindre de me passionner pour le terne orateur, rater la dernière intervention de l'après-midi pour acheter les billets, expédier en une heure le rendez-vous professionnel que j'avais eu la malencontreuse idée, depuis Paris, de placer à 17h00, et enfin filer à mon hôtel pour me changer, ranger vaguement le bordel qui s'était accumulé dans ma chambre et m'assurer de la disponibilité des quelques accessoires nécessaires (et/ou superflus) appelés à jouer un rôle par la suite.


Deuxième étape, facile, le concert lui-même. Elle était à l'heure, et s'était changée elle aussi (bon point, me dis-je mentalement).

Surtout, pendant le concert, ne pas croire la partie jouée : ne pas s'emparer avidement de sa main pour quelque massage tantrique aussi prématuré que déplacé, au beau milieu d'un déchaînement de cuivres swinguant. Non : tout au plus quelques frôlements, une esquisse d'ambiguïté dans nos échanges de regard, un savant dosage de silence dans les conversations. S'agissant justement des conversations, comme d'habitude, l'important est de rapidement trouver un terrain neutre où peuvent se rencontrer quelques centres d'intérêt commun, en évitant le double écueil de trop grandes généralités ("la faim dans le monde, t'es contre ?") ou d'hyperspécialisation pédante ("tu savais que la traduction en anglais d'Imre Kertesz présente quelques faiblesses sémantiques ?"). Bon, ici, on est resté dans du solide, du classique : littérature et théâtre. J'y dispose de quelques atouts, elle aussi, tout va bien.

Au fil du concert, je la devine toujours sur la même longueur d'ondes, et je la sens d'ailleurs très attentive au soin que je mets à ne pas paraître donner une signification quelconque à mes actes. Elle n'est pas dupe, se doute à l'évidence que je ne suis pas davantage dupe de son propre jeu, etc., et elle semble prendre plaisir à ce jeux de masques et de miroirs (mes préférés ...). Si elle s'en amuse, tant mieux, c'est qu'elle est disposée à y jouer un rôle.

Le concert s'achève dans une apothéose de cuivres, de cordes et de vent, nous sortons, il reste à négocier un tournant délicat : elle et moi mourons de faim et il ne me semble pas concevable d'opter pour un abrupt "let's have sex in my hotel room, there is a night meal service" ...


La troisième étape est donc celle du restaurant. Cette fois, c'est elle prend l'initiative.

samedi, octobre 01, 2005

(s)explicite (partie 1)

Attention : le contenu du post qui suit est, une fois épuisés de longs préliminaires dilatoires, explicitement sexuel.

Dès lors, sacrifiant à la mode sentencieuse de la correctitude pacotillesque, admettons qu'il me faille préciser que, pour une fois, ce qui va suivre n'est pas à mettre dans toutes les mains. Enfin, quand je dis les mains, c'est une façon de parler. Vous êtes libres, après tout.

Donc, ami(e) lecteur -z'et trice, si tu n'as pas encore atteint l'âge légal à partir duquel on feint d'être blasé(e) par toute littérature ou image à contenu explicitement sexuel dont l'attrait s'avère en règle générale directement proportionnel au nombre d'années qui sépare l'âge nourrisson dudit âge légal, donc, et si tu as suivi mon raisonnement jusqu'ici (et si tu l'as fait, cela signifie a priori que je me suis mal exprimé), bref, si tu n'as pas encore atteint l'âge en question, disais-je, ... fais absolument ce que tu veux, comme d'hab'.

Mais au moins t'aurais-je prévenu(e).

Et un lecteur(trice) prévenu(e) en valant deux, soyez gentil(le)s, allez chercher une chaise supplémentaire ou asseyez-vous dans le fond. Il doit rester quelques pistaches, quelques Chimay (bleues) et, bien sûr, des fraises tagada. Celles qui font du bien.



Cala. Je n'arrivait à prononcer correctement que le diminutif de son prénom slave, Cala. (de toute façon, ici, je l'ai changé).

Nous nous étions recontrés le matin et, dès le début de l'après-midi, il était absolument certain que nous ferions l'amour le soir même dans ma chambre d'hôtel.

L'issue étant certaine, je me concentrai donc sur le cheminement qui permettrait d'y aboutir, sachant que cette certitude même n'était que "potentielle" (comme on le verra infra, le paradoxe n'est qu'apparent).

Je le savais, elle le savait, je savais qu'elle le savait, et elle devait bien se douter que je savais. Qu'elle savait. Et ainsi de suite.

Aucune prétention ou suffisance ici : le simple exercice du sens de l'observation.

Même s'il m'a fallu du temps, je crois en effet avoir appris à décoder quelques-uns des signes avant-coureurs d'une disponibilité potentielle. Ne serait-ce qu'en négatif : puisqu'il est assez aisé à toute femme de caractère (les autres ne m'intéressant pas) de distiller au goujat une rebuffade définitive, même enrobée de bon ton conventionnel, la seule absence d'une telle parade révèle que l'option est ouverte.

A cet égard, moi qui, lorsque j'arrivai en âge "sexuellement actif" comme disent les sondages IPSOS, n'imaginait pas un instant qu'il pût exister quelque chose comme le désir féminin au sens actif du terme et restais donc stupidement surpris par les quelques initiatives dont je pus faire l'objet, j'ai effectué quelques progrès depuis lors. Je ne sais pas si les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, mais je sais qu'ils font l'amour sur Terre. And it takes two to tango. J'ai donc appris -un peu- à interpréter des signes de désir féminin, et à les interpréter comme tels : non, je ne crois pas nécessairement à un remake de fatal attraction, ni à un come-back fracassant de Madame Bovary. Stupéfiante découverte, qui remonte heureusement à quelques années : "oui, il est possible de communiquer sur un niveau de relation purement sexuel et d'en être mutuellement gratifiés." (fin de la disgression sociologico-mique).

Outre l'indice en "négatif" évoqué ci-dessus, d'autres éléments plus classiques restent indétrônables au hit-parade de la communication pré-sexuelle, qu'il s'agisse du regard qui reste appuyé juste une ou deux secondes de plus que le strict nécessaire, de la main passée dans les cheveux (incontournable classique) ou enfin -et là le doute n'est plus permis- la possibilité de laisser s'éterniser un silence dans une conversation, sans tourner les talons dans les minutes qui suivent.

Une certitude, donc, mais "potentielle", en ce sens qu'il m'incombait de la matérialiser. Tout comme il est "certain" qu'un bloc de marbre brut recèle en son sein de quoi donner naissance au mater dolorosa de Michel Ange, l'émergence effective de la forme dépend, elle, de la maîtrise de diverses contingences.

Par conséquent, si l'issue certaine et néanmoins optionnelle ne faisait aucun doute (redondance), le cheminement n'était pas tout tracé.

Je savoir devoir déployer une stratégie, y affecter des ressources et capitaliser dans ce but une énergie séductrice, elle-même prélude à l'énergie sexuelle accumulée qui ne s'exhalerait que dans l'acte, après une longue montée en puissance.

Ne pas mobiliser de telles ressources eût été une double erreur, en me privant précisément de la montée en puissance du désir, et en donnant à la demoiselle une piètre image de l'ardeur dudit désir.

Je pris donc quelques dispositions pour baliser l'après-midi et le début de soirée afin de parvenir aux miennes (mes fins), à celle de la soirée (la fin de la soirée).

(vous me suivez ? suite en partie 2)


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