(s)explicite (partie 2)
(pour un résumé de l'épisode précédent : allez lire l'épisode précédent, c'est celui qui précède)
[mise à jour à 14h45 après un commentaire qui laisse percevoir une ombre de frustration: oui, il y a une suite, c'est dans le message suivant, celui qui suit, en fait le numéro 3, qui va venir, mais après, à la suite - en fait, bientôt.]
La première étape a consisté, bien sûr, à m'assurer sans en avoir l'air que sa soirée était libre et célibataire, tout en l'informant que la mienne l'était aussi.
J'ai fait simple, profitant en début d'après-midi d'une pause entre plusieurs interventions lors du congrès auquel nous assistions tous deux pour feuilleter avec une discrète ostentation (oui, j'adore les oxymores) le programme des concerts et comédies musicales du côté de Time Square. A son regard discrètement interrogateur, je répondis que je choisissais mon spectacle du soir, hésitant entre concert jazz et comédie musicale. Question candide : "que choisirais-tu, toi", lui dis-je ? Jazz, dit-elle, donc, va pour le jazz. Le fait de l'avoir impliquée dans mon choix rendit alors très facile la question suivante, qui coulait de source tout en ayant l'air aussi improvisée que possible : "would you like to join me ?"
Ah ... peut-être étais-je allé trop vite, je la sentis hésiter, mais heureusement pas pour longtemps : "... oui, pourquoi pas" ?
Bon, d'accord, son "pourquoi pas ..." encore un peu hésitant montrait qu'il me restait quelques marches à grimper sur l'échelle de Richter de l'enthousiasme pré-coïtal, mais au moins avais-je plié, en moins d'une minute et à 15h30, le principe d'un début de soirée en commun alors que nous ne nous connaissions que depuis midi.
Jusqu'au concert, la suite est pure question de logistique : convenir d'un lieu de rendez-vous à 19h30, échanger les numéros de téléphone portable "en cas de problème", m'asseoir volontairement assez loin d'elle lorsque le colloque reprend et feindre de me passionner pour le terne orateur, rater la dernière intervention de l'après-midi pour acheter les billets, expédier en une heure le rendez-vous professionnel que j'avais eu la malencontreuse idée, depuis Paris, de placer à 17h00, et enfin filer à mon hôtel pour me changer, ranger vaguement le bordel qui s'était accumulé dans ma chambre et m'assurer de la disponibilité des quelques accessoires nécessaires (et/ou superflus) appelés à jouer un rôle par la suite.
Deuxième étape, facile, le concert lui-même. Elle était à l'heure, et s'était changée elle aussi (bon point, me dis-je mentalement).
Surtout, pendant le concert, ne pas croire la partie jouée : ne pas s'emparer avidement de sa main pour quelque massage tantrique aussi prématuré que déplacé, au beau milieu d'un déchaînement de cuivres swinguant. Non : tout au plus quelques frôlements, une esquisse d'ambiguïté dans nos échanges de regard, un savant dosage de silence dans les conversations. S'agissant justement des conversations, comme d'habitude, l'important est de rapidement trouver un terrain neutre où peuvent se rencontrer quelques centres d'intérêt commun, en évitant le double écueil de trop grandes généralités ("la faim dans le monde, t'es contre ?") ou d'hyperspécialisation pédante ("tu savais que la traduction en anglais d'Imre Kertesz présente quelques faiblesses sémantiques ?"). Bon, ici, on est resté dans du solide, du classique : littérature et théâtre. J'y dispose de quelques atouts, elle aussi, tout va bien.
Au fil du concert, je la devine toujours sur la même longueur d'ondes, et je la sens d'ailleurs très attentive au soin que je mets à ne pas paraître donner une signification quelconque à mes actes. Elle n'est pas dupe, se doute à l'évidence que je ne suis pas davantage dupe de son propre jeu, etc., et elle semble prendre plaisir à ce jeux de masques et de miroirs (mes préférés ...). Si elle s'en amuse, tant mieux, c'est qu'elle est disposée à y jouer un rôle.
Le concert s'achève dans une apothéose de cuivres, de cordes et de vent, nous sortons, il reste à négocier un tournant délicat : elle et moi mourons de faim et il ne me semble pas concevable d'opter pour un abrupt "let's have sex in my hotel room, there is a night meal service" ...
La troisième étape est donc celle du restaurant. Cette fois, c'est elle prend l'initiative.
[mise à jour à 14h45 après un commentaire qui laisse percevoir une ombre de frustration: oui, il y a une suite, c'est dans le message suivant, celui qui suit, en fait le numéro 3, qui va venir, mais après, à la suite - en fait, bientôt.]
La première étape a consisté, bien sûr, à m'assurer sans en avoir l'air que sa soirée était libre et célibataire, tout en l'informant que la mienne l'était aussi.
J'ai fait simple, profitant en début d'après-midi d'une pause entre plusieurs interventions lors du congrès auquel nous assistions tous deux pour feuilleter avec une discrète ostentation (oui, j'adore les oxymores) le programme des concerts et comédies musicales du côté de Time Square. A son regard discrètement interrogateur, je répondis que je choisissais mon spectacle du soir, hésitant entre concert jazz et comédie musicale. Question candide : "que choisirais-tu, toi", lui dis-je ? Jazz, dit-elle, donc, va pour le jazz. Le fait de l'avoir impliquée dans mon choix rendit alors très facile la question suivante, qui coulait de source tout en ayant l'air aussi improvisée que possible : "would you like to join me ?"
Ah ... peut-être étais-je allé trop vite, je la sentis hésiter, mais heureusement pas pour longtemps : "... oui, pourquoi pas" ?
Bon, d'accord, son "pourquoi pas ..." encore un peu hésitant montrait qu'il me restait quelques marches à grimper sur l'échelle de Richter de l'enthousiasme pré-coïtal, mais au moins avais-je plié, en moins d'une minute et à 15h30, le principe d'un début de soirée en commun alors que nous ne nous connaissions que depuis midi.
Jusqu'au concert, la suite est pure question de logistique : convenir d'un lieu de rendez-vous à 19h30, échanger les numéros de téléphone portable "en cas de problème", m'asseoir volontairement assez loin d'elle lorsque le colloque reprend et feindre de me passionner pour le terne orateur, rater la dernière intervention de l'après-midi pour acheter les billets, expédier en une heure le rendez-vous professionnel que j'avais eu la malencontreuse idée, depuis Paris, de placer à 17h00, et enfin filer à mon hôtel pour me changer, ranger vaguement le bordel qui s'était accumulé dans ma chambre et m'assurer de la disponibilité des quelques accessoires nécessaires (et/ou superflus) appelés à jouer un rôle par la suite.
Deuxième étape, facile, le concert lui-même. Elle était à l'heure, et s'était changée elle aussi (bon point, me dis-je mentalement).
Surtout, pendant le concert, ne pas croire la partie jouée : ne pas s'emparer avidement de sa main pour quelque massage tantrique aussi prématuré que déplacé, au beau milieu d'un déchaînement de cuivres swinguant. Non : tout au plus quelques frôlements, une esquisse d'ambiguïté dans nos échanges de regard, un savant dosage de silence dans les conversations. S'agissant justement des conversations, comme d'habitude, l'important est de rapidement trouver un terrain neutre où peuvent se rencontrer quelques centres d'intérêt commun, en évitant le double écueil de trop grandes généralités ("la faim dans le monde, t'es contre ?") ou d'hyperspécialisation pédante ("tu savais que la traduction en anglais d'Imre Kertesz présente quelques faiblesses sémantiques ?"). Bon, ici, on est resté dans du solide, du classique : littérature et théâtre. J'y dispose de quelques atouts, elle aussi, tout va bien.
Au fil du concert, je la devine toujours sur la même longueur d'ondes, et je la sens d'ailleurs très attentive au soin que je mets à ne pas paraître donner une signification quelconque à mes actes. Elle n'est pas dupe, se doute à l'évidence que je ne suis pas davantage dupe de son propre jeu, etc., et elle semble prendre plaisir à ce jeux de masques et de miroirs (mes préférés ...). Si elle s'en amuse, tant mieux, c'est qu'elle est disposée à y jouer un rôle.
Le concert s'achève dans une apothéose de cuivres, de cordes et de vent, nous sortons, il reste à négocier un tournant délicat : elle et moi mourons de faim et il ne me semble pas concevable d'opter pour un abrupt "let's have sex in my hotel room, there is a night meal service" ...
La troisième étape est donc celle du restaurant. Cette fois, c'est elle prend l'initiative.
3 Comments:
et après le resto, vous avez fait quoi ? Ya pas un acte 3 ? C'est frustrant alors...
Emilie
By Anonyme, at 1:54 PM
Oui, il y a un acte trois et même un quatre, cinq, etc. La suite arrive, c'était juste du 'teasing', pour voir si quelqu'un(e) suit l'histoire ...
(non, en fait, la vraie raison, c'est que j'invente tout au fur et à mesure).
(non, en fait, la vraie vraie raison c'est que là je bosse et que je ne veux pas bâcler la réaction, donc je prends mon temps - c'est d'ailleurs souvent en prenant son temps qu'on fait les choses correctement).
Nemyo
By Nemyo, at 3:23 PM
En tout cas, je suis toute ouïe, moi...oups de nouveau un lapsus ! Quelle fertile imagination, on ne s'embête pas avec toi...
Eh oui, on ne prends plus assez le temps, de rien, je trouve...
mais, je suis très patiente moi...
Emilie
By Anonyme, at 10:42 PM
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