Nemyo's

dimanche, février 12, 2006

tic tac

- "Mais alors, les Suisses, ils sont vraiment toujours à l'heure ?"

- "ben oui"

(quand ils viennent).

(revenir, notamment pour l'option chocolat)

jeudi, février 09, 2006

Quarante-deux, selon la police (dont un porte-voix)

Hier, une manifestation, dans le square, sous les fenêtres de mon bureau.

Quelques dizaines de manifestants, guère davantage, quelques banderoles.

J'y déchiffre, à l'envers, "Ligue Communiste Révolutionnaire".

Et un porte-voix.

Un gros porte-voix, manié avec entrain par le meneur.

Il hurle, chante, lance des slogans comme d'autres vendent des melons.

De temps à autre, une voix suraigüe de femme prend le relais, lorsqu'il s'arrête pour boire un verre d'eau car hurler, ça donne soif.

Mais elle est manifestement fâchée avec la mélodie et le tempo de l'"Internationale", alors il lui reprend vite les commandes.

Avec la distortion du porte-voix, on ne comprend pas trop ce qu'il vocifère, au début.

Puis quelques mots émergent, "préfecture", "sarkozy" (apparemment, il est contre), "sans-papiers", "régularisation" (là, il est pour).

Là où il est très fort, c'est pour lancer des slogans rythmés, genre : "pré-fec-ture, y'en-a-marre, sar-ko-zy, y'en-a-marre".

C'est bon, ça, coco, c'est bien rythmé : ta-ta-ta, ta-ta-ta ...

Et la foule immense des quarante-trois manifestants (selon les organisateurs) vitupère en choeur et avec entrain.

Une dizaine de flics surveillent tout ça, c'est gentiment bon enfant.

Puis lui vient une idée.

Toujours sur le mode rythmé, il essaye de lancer un slogan positif, cette fois : "li-ber-té, pour-tous".

Aïe, mauvaise idée, ça, la rupture de tempo : passer de "deux fois trois" à "trois plus deux", sans prévenir, comme ça, c'est fâcheux.

Même la Philarmonique de Berlin aurait du mal, à froid.

Alors tout se dérègle : une partie des manifestants continue à scander le slogan initial, l'autre accroche tant bien que mal au "3 + 2".

Et de l'inévitable cacophonie qui s'en suit, on entend surgir : "li-ber-té, y'en-a-marre" et "sar-ko-zy, pour-tous".

Fâcheux. Et contreproductif.

Tout le monde s'emmêle les pinceaux, les flics commencent à se marrer, il y a comme un flottement dans la foule immense des quarante-deux manifestants (y'en a un qui avait froid aux pieds, il est entré dans le café d'en face).

Mais rien ne les arrête ...

Jusqu'à ce qu'il explose de rage, dans son porte-voix : "mais non, bandes de nazes, arrêtez de beugler "li-ber-té, y'en-a-marre", merde !".

Silence, soudain.

Evidemment, ça jette un froid.

La révolution, c'est un sacerdoce incompris.

Et un porte-voix.


(...)

Ce soir : Genève.

lundi, février 06, 2006

Le pont des dragons

Départ jeudi midi.

Le survol des Alpes est toujours un moment magique. Une symphonie de dentelle blanche et noire, brillant sous le soleil.

Nous approchons de Ljubljana.

Une épaisse soupe de brouillard couvre la ville, visibilité nulle, et le petit avion doit se résoudre à atterrir à Zagreb.

Taxi. Je n'ai pas le choix. J'harponne un banquier anglais pressé, et lui propose de partager le prix de la course.

Frontière croate. Montrer son passeport à une frontière terrestre en Europe, j'avais oublié.

Deux heures de trajet dans la campagne froide entre Zagreb et Ljubljana. Il vient de Beyrouth via Paris. Il est pendu à son téléphone portable. Accent inimitable d'Oxford ("Lovely", "jolly good"). Nous échangeons nos cartes.

Je m'endors, bercé par la vitesse. Le taxi est pressé de rentrer à Zagreb.

Au revoir, Tim. Yes, it was very nice meeting you.

A Ljubljana, le pont aux dragons, la citadelle au loin, la grande cathédrale rose, et le fleuve serpentin qui enserre les ruelles du centre historique.

Oui, on peut payer en euros.

Dehors, il faut moins 8 degrés. La ville a un petit air de sanatorium alpestre des années '50. Elle sent le charbon, la neige et la résine. Je suis déjà venu ici, il y a presque dix ans, rien ne semble avoir changé.

Puis la banquière blonde à l'impeccable chignon me parle de son boyfriend, se rappelle son rendez-vous et je peux enfin rentrer à l'hôtel.

J'ai bien dormi.

mercredi, février 01, 2006

Haut, loin, froid, vif. Et beau.

La fine couche de givre qui crisse sous les premiers pas du matin.

L'air froid et vif, qu'on déguste lentement, à longues goulées revigorantes.

Le silence souverain du lac, au loin, qui s'éveille d'un long sommeil.

Les premières foulées hésitantes sur un sentier encore enbrumé.

Un gris lumineux qui perle à l'horizon et vire lentement vers le bleu.

Des lambeaux de brouillards qui s'écorchent aux arêtes coupantes des cîmes environnantes.



C'est par là, un matin en montagne, à la fin du mois de janvier.


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