Nemyo's

mardi, septembre 21, 2004

Voyages, encore

Voyages, encore. Je serai à Stockholm ce soir, pour un jour à peine. Ce ne sont pas des voyages, tout au plus une succession de trajets.

Cette ronde monotone m'anesthésie et me drogue. Le flou ouaté qui me berce n'est d'ailleurs pas désagréable. J'aime cet instant embrumé de sommeil, au cours du trajet matinal vers l'aéroport, lorsque la lumière du jour naissant prend le pas sur le pointillisme rouge et blanc des éclairages électriques.

Et je repense encore aux 12 000 km parcourus à pied d'Istambul à Xi'an par Bernard Ollivier, puis à l'association Seuil qu'il a fondée. La rando, j'en ai fait sous trois ou quatre latitudes, au Canada, en Suède, en Grèce, et bien sûr en France, avant d'être abonné à vie aux taxis-avions-hotels-restaurants-salles de réunion ... Besoin d'air.

lundi, septembre 20, 2004

moblog

Un papier amusant, dans Libe, ce matin, à propos des moblogs (mobile blogs), où abondent les clichés pris au vol avec des mobiles équipés de caméras.

J'en ai reconnu un, si, si.

vendredi, septembre 17, 2004

embuscade

Ils m'attendaient.

Ils étaient trois. Un à gauche, un deuxième à droite, et une troisième plus petite, sournoise, tapie en embuscade, un peu en retrait.

Je les avais vus. Je n'étais pas surpris. Ils sont toujours là, le matin.

Tous les matins.

Quand ils m'ont vus, tous les trois ensemble, sans s'être concertés, ils se sont rapprochés. D'un geste vif, ils ont sorti leurs armes.

Le premier, c'était "Métro", le deuxième, "Vingt Minutes" et la troisième, un magazine sportif. Métro et Ving Minutes, je connais, j'ai l'habitude. Le magazine sportif, je m'y attendais moins. Mais non, c'est logique, c'est bientôt le week-end, il est temps de faire du sport par procuration, sur papier même pas glacé.

A trois, ils avaient l'avantage du nombre.

Mais j'étais prêt. Je suis toujours prêt. J'ai réagi rapidement, les muscles tendus par l'instinct de survie.

C'est parti. Sans paraître les avoir remarqués, j'avance franchement vers le premier, mais c'est le deuxième que je regarde. Ils ont du mal à interpréter ces signaux contradictoires : chacun croit que je vais saisir le journal de l'autre, ils hésitent, je saisis cet infime moment de flottement, j'accélère, je dribble au dernier moment, ils comprennent qu'ils sont dupés, tardent à réagir, c'est trop tard, je suis passé, j'entre sur le terrain de la troisième, que j'écarte facilement d'un geste ample du bras, qui la fait reculer. Elle croit à un geste de défense, mais non, je n'ai fait que dégager ma manche sur mon poignet, et je feins de regarder ma montre. L'action a duré deux secondes et demi. Ils ne m'ont pas suivis, ils ne peuvent s'écarter de leur terrain de chasse. Bientôt, une autre proie les accaparera.

Moi, ce matin, je suis passé. J'ai survécu.

Encore aujourd'hui, je ne lirai pas la presse "gratuite".

Parfois, j'ai du remord.

Oh, non pas pour eux, non, les chasseurs trouveront toujours une cible, un faible, un cerveau déjà coca-colisé par TF1, prêt à mâcher du papier.

Non, le remord fugace, c'est pour les forêts, dévastées par ce papier inutile. Je devrais prendre ce papier, et le recycler. Comme ça, j'économiserais en papier Moltonel double-couche-à-coussins-d'air-rétrofulgures-tellement-rembourrés-qu'à-côté-Nike-Air-c'est-un-plat-comme-le-contenu-des-journaux-"gratuits".

Mais non, décidément, le remord ne dure pas. Je dois rester inflexible, affuté comme une lame.
Car demain ils me guetteront à nouveau.

Ils seront là, tapis dans l'ombre.

Ils seront toujours là. Tous les matins.

Mais ils ne m'auront pas.

Pas demain.

lundi, septembre 13, 2004

donc, au mamco, l'autre jour (crypte)

Donc, au mamco l'autre jour, beaucoup de niaiseries prétentieuses, de gamineries sentencieuses et de pitreries agacieuses.

Puis, parfois, ici ou encore là, au détour d'un couloir en coude et au creux d'un détour concave, une petite pépite palpite.

Par exemple, la crypte de Monsieur Parmiggiano. Si, si, tel est le nom.

Il faut la mériter, la crypte : l'entrée est basse, découpée dans le béton brut à hauteur d'enfant, je me plie donc et entre. Mais à peine entré, pas le temps de se déplier qu'il me faut tourner à gauche, me pencher encore plus et passer un autre seuil culminant à moins d'un mètre du sol.

Me voici dans la crypte, pas de lumière, murs peints en noir, silence absolu et nuit sépulcrale.
Sentiment diffus de vertige. Puis, après quelques secondes, mes yeux s'accoutument à l'obscurité et je commence lentement à percevoir d'étranges formes sur les murs.

Des mains. Des centaines de mains.

Paumes ouvertes, des mains grises, marron ou bordeaux sur fond noir. A peine visibles, mais presque sensibles, audibles. Des vagues, des flots, des régiments de mains. Elles bruissent, elles vivent, elles m'entourent et me cernent, du sol au plafond. Echo genevois aux murs de mains d'Altamira ou de la grotte Cosquer.

Je suis l'intrus. Je flotte à mon tour, puis je perds pied.

Crypte. Jeux de mains, jeux de - - -

lundi, septembre 06, 2004

c'est beau une ville d'en eau

La semaine dernière. Arrivé jeudi matin à Genève. Premier vol de la journée, l'avion franchit une dernière barre montagneuse dans la lumière rasante de l'aube et glisse au ralenti sur le lac avant d'atterir.

C'est beau une ville d'en haut.

Pendant un jour et demi, c'est la succession habituelle des rendez-vous, déjeuners et dîners d'affaire, ponctués de discussions sentencieuses sur l'avenir du monde. Enfin, d'un monde, le leur et un peu le mien.

- Oui, c'est vrai, le climat économique n'est pas trop mauvais, mais l'activité reste quand même assez plate.

- Il suffirait de peu pour que les cours remontent vraiment, au lieu de se traîner ...

- Si vous saviez le nombre de deals qui sont envisagés mais que ne se font pas, pour l'instant, ...

- etc.

Bref, vendredi, mon dernier rendez-vous se termine à 15h00, mon avion ne repart que le lendemain matin, j'ai quelques heures devant moi. Je décline mollement une invitation à dîner que me formule tout aussi mollement mon client, par pure courtoisie standardisée. Mon refus le soulage et il ne cherche même pas à le dissimuler. Il a compris que j'avais mon compte. L'important était de faire semblant, nous avons échangé les phrases convenues, tout est en place, tout fonctionne comme cela doit fonctionner. En surface.

J'enlève ma cravate, téléphone à ma secrétaire pour dire que je serai injoignable (que va-t-elle imaginer ?) et je coupe mon téléphone.

Halte dans une librairie, sur mon chemin. Sur les conseils d'Hepao, je cherche "Vie mode d'emploi" de Perec, que je n'ai jamais lu. Ils ne l'ont pas. En revanche, je repars avec un petit essai publié par Diderot en 1750, "Lettre sur les aveugles à l'attention de ceux qui voient". Je le lirai dans l'avion au retour.

Je poursuis mon chemin, vers la Rue des Vieux-Grenadiers et un entrepôt transformé en musée d'art contemporain. Je suis presque seul, et mon costume étonne. La caissière me sourit vaguement, pensant peut-être que je ne suis pas totalement perdu pour la cause. Peut-être.
Dans le musée, au milieu des habituelles gamineries de potaches qui s'essayent piteusement à la provocation, quelques petites pépites.

Ce sera pour une prochaine note ; indice : "du parmesan dans une crypte".

Au fait, j'ai terminé "La tentation d'Edouard". Au final, euh, ... bof, malgré quelques idées amusantes. C'est triste, un soufflé qui retombe.


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