La tentation d'Edouard (19 euros)
Ah ? Oui, bon, jusque là, rien d'exceptionnel ou de particulièrement bouleversant, d'accord.
Mais je n'ai pas fini de le lire, ce livre. Je suis au milieu.
(soupir ... [ton légèrement condescendant] - "c'est normal, tu sais, quand on lit un livre, généralement, on commence, on continue, puis on termine. Allez, reprend tes complexes vitaminés")Nan, je me fais mal comprendre : je suis arrivé hier au milieu du récit, et j'en parle déjà. D'habitude, avant d'en parler ou d'écrire un commentaire, j'attends d'avoir tout lu.
Là, non. J'en parle. C'est ça l'expérience, c'est d'en parler au milieu : d'ailleurs, il se peut que dans une prochaine note, je regretterai ce que je viens d'écrire, car je me serai fait une opinion.
Mais pour l'instant, je ne sais pas trop ... Il m'intrigue, ce livre, parce qu'arrivé au milieu, je ne sais toujours pas s'il me plaira ou non. En principe, cela devrait suffire pour le refermer et le vouer au purgatoire des étagères du haut, celles où dorment Houellebecq, Angot et d'Ormesson (ce dernier étant encore tout étonné de pareil voisinage) : généralement, si je ne suis pas encore séduit à la moitié, je lâche.
Mais ici, c'est différent : disons que je suis à moitié attiré par ce livre, ce qui n'est déjà pas rien. Je ne me résous pas à jeter un verre à moitié vide, dans le vague espoir qu'il se révèle à moitié plein.
Je parle de La tentation d'Edouard, d'Elisa Brune.
Pour être honnête (tiens, c'est nouveau, ça ?), précisons que je connais bien l'auteur (Elisa, c'est même pas son vrai prénom, elle aussi elle aime les pseudos) et que j'aimerais pouvoir aimer son livre sans retenue.
Mais ... non. Il y a quelque chose qui me retient, en dépit d'un style très pur, souvent drôle et traçant parfois de fulgurantes ellipses (elle n'est pas scientifique pour rien), d'une histoire bien troussée et d'un indéfinissable "air du temps" fait d'un demi-marivaudage moderne pas déplaisant. Mais voilà justement le hic, c'est "plaisant", comme une petite musique agréable et entêtante, mais légère, dont on finit par s'agacer. En fait, ses personnages sont très -trop ?- cérébraux, je n'arrive pas à en voir le sang, les tripes, la sueur et les larmes.
Bon, d'accord, là c'est peut-être excessif : sans verser dans le sang et les tripes, disons qu'après le feu d'artifice des premières pages, les personnages restent en retrait d'eux-mêmes, prévisibles voire même, si, si, hélas ... superficiels, ce qui n'est pas nécessairement une critique négative à la condition que leur superficialité ne se ressente pas sur le roman lui-même.
Mais bon, je n'en suis qu'à la moitié.
Lisons.