Nemyo's

lundi, septembre 18, 2006

Au commencement était la Chair

"Au commencement était la Chair. Puis la Chair s'est faite Verbe."


C'est ainsi que je commencerais ma vision personnelle de l'évangile de Jean, si j'avais à la réécrire (hypothèse d'école). En inversant l'ordre fixé par l'original. Et pour une fois, je ne parle pas de sexe.

Car, au-delà de la boutade et de la parodie, c'est bien dans cet ordre, je crois, que tout s'est fait : la Chair, c'est à dire la matière, l'énergie, le temps, a précédé le Verbe, invention humaine arrivée infiniment après la bataille et qui n'en traduit que bien pauvrement les fureurs. Le Verbe est invention humaine, et c'est précisément cette invention qui lui a permis de nommer l'innomable, d'inventorier l'inconnaissable et de classifier l'infinité mouvante et insondable dans laquelle nous ne sommes qu'une poussière de poussière. C'est d'ailleurs l'histoire même des religions : elles ne sont qu'une tentative ancestrale de l'homme de mettre des mots sur ce qu'il se sentait incapable d'appréhender, sur cette effrayante impossibilité de comprendre. Alors l'homme (la Chair) a inventé les mots (le Verbe) pour nommer l'innomable et le parer d'oripaux sacrés pour calmer sa peur et sa détresse. Pour se sentir un peu moins seul. Et c'est ainsi, naturellement, que l'homme façonna son dieu à son image, et non pas l'inverse.

Mais serait-il possible, finalement, que le Verbe ait réellement précédé la Chair ? Qu'une sorte de code génétique ait précédé et façonné l'explosion inouïe qui a créé l'univers ? Est-il envisageable que la théorie du "big bang", sans être remise en question, soit complétée par une meilleure compréhension de l' "avant" ? Avant d'en discuter, c'est la question elle-même qu'il faut remettre en cause. Car la question "qu'y avait-il 'avant' le big bang ?" fait partie de celles auxquelles il est actuellement impossible, en physique théorique, d'apporter même l'esquisse d'une réponse. On ne sait pas, car le cadre dans lequel la question aurait du sens, est lui-même dépourvu de tout sens. Comment savoir ce qu'il y avait "avant", puisque le big bang est supposé avoir créé la matière, l'espace et le temps, conditions préalables à l'existence d'un sens quelconque associé à la notion d'avant ou d'après. En d'autres termes, que peut signifier l'"avant", s'il n'existe pas de temps ?

Et pourtant j'ai lu cet été un livre très déroutant, à la fois fascinant et irritant, qui s'aventure sur ce terrain radicalement impossible à connaître.

Un "terrain" qui n'en est naturellement pas un, puisqu'aucune méthaphore physique familière ne peut en rendre compte. Un "terrain" qui serait infiniment plus petite mais aussi infiniment plus dense qu'une minuscule tête d'épingle mais qui contiendrait la totalité de la masse et de l'énergie de l'univers connu. Et surtout un terrain qui n'aurait existé qu'un fragment de fragment d'esquisse de poussière de miliseconde, à savoir très exactement 10 exposant moins 43 (10-43) secondes “après” le big bang. En d’autres termes, un millionième de milliardième de milliardième de milliardième de seconde. Les astro-physiciens appellent ce moment le “temps de Planck”, je crois.

Les frères Bogdanov (oui, les jumeaux zarbis et bardés de papier aluminium qui présentaient "Temps X" sur TF1, il y a une quinzaine d'années) prétendent avoir construit une théorie mathématique qui pourrait décrire certaines des "conditions" dans lesquelles se trouvait l'esquisse d'univers à cet "instant" là (désolé pour l'abus de guillemets, c'est que aucun terme n'a vraiment de sens conventionnel dans ce contexte). Et cette théorie mathématique fournirait une ébauche de "code génétique" de l'Univers. Une sorte de Verbe précédant la Chair. Cette théorie serait le fruit d'une bonne dizaine d'années de recherche, conclues par l'attribution aux jumeaux des titres de Docteurs en mathématique (pour l'un) et en physique théorique (pour l'autre). Génie ou gag ? Avancée théorique majeure ou mystification médiatique bas de gamme ?

Car ce livre est basé sur des articles qui avaient eux-mêmes déclenché une fantastique tempête de polémiques. La communauté scientifique se déchire pour savoir s'ils sont des génies révolutionnaires ou des guignols incompétents et mystificateurs. Il suffit de taper "Bogdanov" sur Wikipedia ou Google pour voir surgir la polémique.

Moi, je n'y comprends rien. En maths, j'aurais du mal à suivre les cours de CM2. C'est vrai, j'ai aimé certains passages de leur livre, mais précisément les passages les plus lyriques et donc sans doute les moins rigoureux.

Alors, finalement, y a-t-il ou non un "code génétique" qui aurait précédé l'univers et qui continuerait à la façonner ? Un Verbe qui aurait précédé la Chair ?


Je n'en sais rien. A ce jour, apparemment, personne n'en sait rien. Et à vrai dire, je n'y crois pas vraiment : leur thèse est trop "humaine", trop antropomorphe, une fois de plus, pour être vraie.


Finalement, c'est sans doute mieux comme ça.

vendredi, septembre 15, 2006

un lapin (3 et fin)

Résumé des épisodes précédents : [Il sent la déception, l’énervement monter, le cerner, le narguer. Mais pourquoi penser à cela maintenant ?]




Il se faisait une joie de cet instant programmé depuis des mois, pourquoi ces pensées lugubres ? Ce n’est pas que son nouveau statut l’angoisse, non, il aura suffisamment de moyens pour vivre sans difficulté, sans excès non plus. Les excès, d’ailleurs, cela n’a jamais été trop son truc. Le petit héritage perçu à la mort de son père il y a une dizaine d’année a été sagement géré, peu entamé, et lui garantit des revenus suffisants. Tout cela a été sagement et soigneusement préparé. Ni trop, ni trop peu. Comme tout ce qu’il a fait dans sa vie. Pas de mauvaise surprise à attendre de ce côté-là. Pas de surprise du tout, d’ailleurs. Ni de ce côté-là, ni d’un autre, pense-t-il, et l’amertume qui se mêle à cette pensée le surprend. Penser à autre chose. Chasser tout ça.

Le moment approche et voilà qu’il est fébrile à présent. C’est malin. Il a choisi de rester jusqu’au bout, d’être le dernier, le tout dernier dans la pièce que la pénombre envahit lentement, car il veut être seul lorsqu’arrivera le moment précis où, peut-être … Le moment où une nouvelle vie pourra commencer.

Voilà, les mots sont lâchés. Une nouvelle vie … les mots tournent et retournent, accélèrent, virevoltent, s’insinuent en lui et squattent ses pensées avec l’insistance agaçante et sans-gêne des ritournelles d’enfants. Une nouvelle vie, vraiment ? Il ne sait pas, après tout ce n’est jamais une ‘nouvelle’ vie, une vie on n’en a qu’une, elle ne peut pas être ‘nouvelle’ la vie, elle continue, c’est tout. Début, milieu, fin. Un point c’est tout. C’est comme l’expression ‘refaire sa vie’, c’est stupide, aussi, on ne refait pas sa vie, on la poursuit, un peu différemment, peut-être, et encore, pas toujours, c’est difficile à changer, une vie. Tiens ! Encore une expression à la con, pense-t-il, ‘changer de vie’, on ne change pas, on avance un peu, à moins qu’on ne recule, ou bien finalement ce n’est que du surplace, il ne sait plus, et toutes ces expressions imbéciles ne servent qu’à masquer l’impuissance, comme toujours. Mais qu’est-ce qu’elles ont, toutes ces expressions, à soudainement l’assiéger, ‘nouvelle vie’, non, d’ailleurs sa vie n’est pas si mal, s’emporte-t-il intérieurement, avant immédiatement de douter, de se sermonner, sa vie n’est pas si mal, oui, si l’on veut, mais elle n’a pas été terrible non plus, ni trop ni trop peu, comme toujours, mais franchement ça aurait pu être mieux, trop d’occasions manquées, et d’ailleurs pourquoi fait-il cette fixation, depuis plusieurs jours, sur cette journée, sur le moment précis où tout le monde sera parti, et où il sera seul, avec lui-même (encore une expression débile, pense-t-il rapidement, mais sans s’attarder, il a déjà trop à faire pour juguler toutes les ‘nouvelles vies’ qui l’obnubilent), hein, oui, pourquoi cette fixation, pourquoi vouloir changer de vie, car voilà, c’est dit, il faut se l’avouer (oui, pense-t-il avec une délectation masochiste, proche de l’hystérie, oui, oui, je dois me l’avouer !) il faut se regarder en face, sa vie est banale, tiède, moyenne, et oui, c’est vrai, il veut en changer, ça y est, le moment va arriver, il va pouvoir changer de vie, commencer une nouvelle vie, refaire sa vie, et qu’importe si ces expressions ne veulent rien dire, lui il les comprend, il se comprend, il veut changer de vie, il veut une nouvelle vie. Voilà, c’est ça, c’est ce qu’il veut, finalement, et qu’importe si les expressions ne veulent rien dire, lui il sait ce qu’il veut, c’est une nouvelle vie, changer de vie, refaire sa vie.

Il est seul à présent, ils sont partis, un peu surpris de le voir marmonner seul dans son coin, de plus en plus agité. Il a failli parler à voix haute. Il en rougirait presque de confusion. Il est seul, c’est ce qu’il voulait. Il ne savait pas ce qui l’attend, mais il voulait être là. Des fois que. Des fois qu’il se passerait quelque chose. Pour une fois. Il ne voulait pas rater ce rendez-vous là, lui qui en a raté tellement dans sa vie. A présent, il s’en veut d’avoir attaché une telle importance à cet instant précis, mais le mal est fait, il ne pense plus qu’à ça. Il se trouve gauche et incongru, embarrassé et nerveux comme lors de son premier rendez-vous, avec une fille dont il a tout oublié. Drôle de rendez-vous, aujourd’hui. Avec lui-même. Tiens, « j’ai rendez-vous avec moi-même », pense-t-il, il se répète la phrase plusieurs fois, et le côté pompeux du cliché lui arrache un sourire crispé. Puis il se fige, cela lui rappelle quelque chose, un de ces trucs qu’on voudrait enfouir dans la mémoire mais qui surgissent, parfois, narquois, au hasard. Le souvenir se précise, c’est une phrase, une phrase qu’il avait lue à l’adolescence, dans un de ces livres qu’on ne lit qu’entre quinze et dix-huit ans, parce qu’on a plein d’idées toutes faites sur la vie, ou qu’on est en train de se les construire, ces idées. Après on oublie, ou on renie, les livres c’est du gaspillage de papier, un fatras de mots promis à l’oubli, au recyclage, à la retraite.

Mais il y avait cette phrase justement, cette petite phrase obstinée qui avait survécu au naufrage et lui revenait en pleine figure, des années après, fraîche comme au premier jour, pimpante et ironique. Elle n’avait pas vieilli, elle. D’ailleurs, cela lui revenait à présent, il l’aimait tellement, cette phrase qu’il l’avait recopiée dans un carnet, perdu depuis longtemps lui aussi. Elle lui murmurait sa petite musique narquoise aux oreilles : « Dans quelques années, l’homme que tu seras devenu aura des comptes à rendre à celui qu’il aurait pu devenir. Et ce genre de rendez-vous n’est pas toujours agréable. »

Et merde ! voilà, ça y est, c’est aujourd’hui, voilà ce qu’il attendait sans le savoir, c’était ce rendez-vous, oublié, ignoré, perdu dans la masse indistincte de ses souvenirs. Le fraîchement retraité, plus très frais d’ailleurs, sembla manquer d’air, il tremblait, transpirait, stupidement immobile dans l’obscurité naissante. Lui qui pensait en avoir fini avec les rendez-vous, les contraintes de temps, les réunions sans fin et sans intérêt, il était rattrapait par ce damné rendez-vous qu’il avait oublié tout ce temps. Coincé.

Alors, prenant une profonde inspiration, il empoigna la valise offerte par le comité d’entreprise, se dirigea vers l’ascenseur et, résolument, se posa un lapin.

vendredi, septembre 08, 2006

un lapin (2)

Résumé de l'épisode précédent : [... Aujourd’hui, c’est différent. Il ne sera pas pris par surprise, au contraire. Il a eu tout le temps d’anticiper ce moment. Il en a préparé chaque détail, et pourtant maintenant que l’instant approche, il sent monter une nervosité inattendue. Agaçante. Un élément non prévu dans une journée où rien n’avait été laissé au hasard.]


Donc, il récapitule, pour la centième fois de la journée. Il aura soixante ans dans un mois, il prend sa retraite, ses dossiers ont été transmis, personne n’a repris son poste et ses quelques responsabilités ont été reprises en direct par son supérieur hiérarchique –à croire qu’elles n’étaient pas bien lourdes … Il y a eu les discours, quelques applaudissements, il a reçu le cadeau du comité d’entreprise (une belle valise, une bonne idée finalement), son « pot de départ » touche maintenant à sa fin. Quelle expression ridicule, pense-t-il soudain, sans vraiment savoir où réside le ridicule, peut-être l’idée du pot, récipient structurellement vide et sans état d’âme. Et donc, le moment approche. Tout est prêt. Ce soir, il est retraité. Jusque là, chaque étape de sa vie en amenait une autre : après les études, le diplôme, après le diplôme, le travail (enfin, à l’époque c’était comme ça), après les flirts, le mariage (pas du premier coup, c’est vrai, et c’est d’ailleurs mieux comme ça), puis les enfants, etc. Et maintenant, après ‘retraité’, il y aura quoi ? Mort ? Ah, non, pas ça, c’est trop brutal, il a le temps, on verra bien, oui, un jour, plus tard, bien sûr, mais là, maintenant, non, quelle idée. Nouvelle source d’agacement. Mais non, c’est vrai, après retraité, dans les catégories habituelles, il n’y a rien. Même si on devient pêcheur, peintre du dimanche, voyageur ou qu’on se met à classer sa collection de photos, on est et on reste ‘retraité’ : retraité pêcheur, retraité peintre, retraité collectionneur. Il en connaît qui s’accroche à leurs anciennes fonctions, ça donne ‘professeur retraité’, ou ‘fonctionnaire à la retraite’, mais ces lambeaux d’ancienne peau s’effilochent vite. Ne reste que ‘retraité’. Et après, ben, rien, enfin, pas de catégorie sociale officielle. C’est un état final. Etat stationnaire, voire déclinant, en principe, encore qu’on a vu des exceptions. Mais bon, même si on peut faire plein de choses, en étant retraité, on ne peut pas cesser de l’être et devenir autre chose. Ça l’énerve, tout à coup, il n’y avait pas trop pensé, tout entier tourné vers la préparation jubilatoire de ce moment.

Il sent la déception, l’énervement monter, le cerner, le narguer. Mais pourquoi penser à cela maintenant ?


[à suivre]

vendredi, septembre 01, 2006

un lapin (1)

Cela ne devrait plus tarder, à présent.

Une poignée d’invités s’attardent encore, traînant d’un buffet à l’autre, mais leurs conversations s’estompent, ils se font discrets, ils se sentent peut-être indésirables. D’ailleurs ils le sont. Ils vont partir, quitter la pièce, le silence va revenir. C’est pour bientôt.

Il l’a tellement attendu cet instant qu’il ne sait pas trop ce qu’il fera. Rien, sans doute. Tout juste s’il essayera d’être plus attentif que d’habitude, pour capter quelque chose, au cas où il se passerait quelque chose, ce n’est pas certain, je veux dire quelque chose de visible, de palpable, il ne sait pas vraiment quoi d’ailleurs, il imagine une sorte de tension dans l’air, un frémissement, une qualité particulière dans la lumière. On ne sait jamais. Quelque chose de spécial dont il pourrait se souvenir, après. Il aimerait bien qu’il se passe quelque chose, mais n’y croit pas trop. Il se dit que quand même, c’est un moment spécial, un de ces moments très brefs dont on peut dire objectivement qu’ils signifient quelque chose, un changement d’état, une transition, une fin et un début, bref quelque chose dont on devrait se souvenir. Une date qui va rester. D’habitude on ne les voit pas venir, ces moments là. Ils arrivent en douce et vous tombent dessus sans prévenir, et on se retrouve comme un con, en pyjama au milieu du tremblement de terre du siècle, ou devant la reine d’Angleterre qui vient de sonner à la porte d’entrée pour le petit déjeuner. D’accord, c’est peu fréquent, mais des tremblements de terre, ça c’est déjà vu, quand même.

Il attend, mais il se dit qu’il ne se passera probablement rien, c’est normal, c’est comme cela. A quoi ressemblent les instants uniques lorsqu’on les a trop attendus ? Lorsqu’ils surviennent au dépourvu, même en pyjama, c’est différent, c’est plus facile. Par exemple, il se souvient encore de l’endroit exact où il se trouvait lorsque les tours du World Trade Center ont été frappées à New York, ou lorsqu’il vit les premières images de la chute du Mur de Berlin. Dans les deux cas, rien que de très banal, il était chez lui ou devant son ordinateur, au bureau. Mais il pouvait, encore aujourd’hui, décrire précisément le mobilier, le climat de la journée, ses vêtements, les premiers mots stupéfaits échangés avec ceux qui, comme lui et au même moment que lui, assistaient à ces événements non programmés. Même sa tasse de café lui revient en mémoire, avec le chien Droopy, il allait la remplir lorsqu’il a entendu les premières bribes de conversation, il paraît qu’un avion s’est écrasé sur une tour du World Trade Center à New York, non ?, si, je t’assure, c’est incroyable que le pilote fasse une erreur pareille, mais non, c’est un attentat, tu es sûre ?, je ne sais pas, ils n’ont rien dit encore, mais on peut voir la tour flamber sur le site de CNN, ah oui, dis donc, ils sont combien là-dedans, j’en sais rien c’est fou quand même. Quand les bombes ont explosé sur Hiroshima et Nagasaki, il ne se souvient de rien, mais il a une excuse, il n’était pas né. De peu.

Aujourd’hui, c’est différent. Il ne sera pas pris par surprise, au contraire. Il a eu tout le temps d’anticiper ce moment. Il en a préparé chaque détail, et pourtant maintenant que l’instant approche, il sent monter une nervosité inattendue. Agaçante. Un élément non prévu dans une journée où rien n’avait été laissé au hasard.


(à suivre)


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