Nemyo's

mardi, décembre 20, 2005

Nemyo v. Nemyo

Sur Gougueule, la requête "nemyo" dirige soit vers ce blog, soit vers le site d'une porno-star qui a eu le bon goût de choisir ce pseudo, une certaine Judith Nemyo.

Selon les jours, c'est mon blog ou son site qui apparaît en premier.

Ainsi, j'ai une idée de la fréquence des requêtes qui, délaissant la viande en sueur secouée de spasmes borborythmés, viennent ici prendre un bain de fraîcheur, de félicité pure, d'élévation de pensée, de beauté et (accessoirement) de modestie.

(...)

En général, c'est elle qui gagne, au fait.

dimanche, décembre 11, 2005

poivre, vieux cuir et citron

Finalement, je suis resté ce soir, je reprendrai un vol demain matin.

Déambulation dans Barrio alto. Rues étroites qui n'en finissent plus de monter et descendre. La statue de Pessoa attablé, qui boit son café.

Qu'est-ce qui fait l'odeur d'une ville ?

Ici, dans cette ville tranquillement aristocratique, qui supporte sans broncher les balafres publicitaires et les câbles de tramways, il y a des senteurs de poivre, de vieux cuir et de citron.

vendredi, décembre 09, 2005

Tage

Courte escapade à Lisbonne, demain. Deux heures de réunion, puis l'école buissonnière avant le vol de retour le soir. J'irai sans doute flâner le long des grues de déchargement sur le Tage, ou j'irai prendre à nouveau le ferry qui conduit de l'autre côté du fleuve, dans cette petite banlieue industrielle dont le nom m'échappe, et où l'on trouve des échoppes de "caricoles e caricoletes" à tous les coins de rue.

Puis, comme d'habitude, un clin d'oeil à Cranach et à Bosh au Museu d'Arte Antigua, et retour ...

Belphégor

Réunion de travail tôt ce matin, dans les entrailles du ... Louvre.

Drôle de lieu pour une rencontre, non ?

Arriver ainsi le matin, lorsque l'aube pointe à peine et rosit le ciel par-dessus le fronton de l'aile Richelieu, me glisser dans la Cour d'honneur encore presque silencieuse et entrer dans le batiment par l'étrange ovni pyramidal qui en occupe le centre, furtivement ouvert pour me laisser passer, moi et quelques autres comploteurs de l'aurore, puis aussitôt refermé.

Puis, par un dédale de couloirs, arriver dans l'antre quasi-médiéval qui sert de bureau à mon interlocutrice et où trône, incongru, un ordinateur flambant neuf.

J'ai eu l'impression de frôler dans l'ombre le fantôme de Belphégor.

lundi, décembre 05, 2005

Suite inattendue en gore mineur.

Après une brève hésitation, je franchis le pas de la porte.

... pour me faire accueillir par une odeur fétide et, venant du fond de l'appartement, par une voix enrouée : "c'est toi mon petit chaperon rouge" ?

à laquelle je l'entendis répondre tranquillement : "oui, mère grand, et j'ai trouvé ce que tu m'avais demandé ; j'ai bien fait tout comme tu m'as dit, le sac, la lingerie, les talons hauts, le métro, tout ça, ça a marché, et j'ai trouvé quelqu'un qui va se faire un plaisir de te la récurer, ta cuisine, et de te les déboucher, tes WC !"

Et elle, se tournant vers moi, un sourire suave, moqueur et néanmoins carnassier aux lèvres, dont la pulposité carminale se reflétait malicieusement dans le petit orifice noir et net du Glock 26, modèle subcompact chambré en 9mm Parabellum apparu silencieusement dans sa main droite : "hein qu'il est content, mon grand loup ?..."

... ce furent les derniers mots que je perçu, avant de me décomposer sous les impacts et de redécorer inopinément la pièce avec d'inélégants fragments de cervelle.



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[note de l'auteur pour l'éditeur : "oui, je sais, le dénouement est un peu bref et l'histoire n'est pas tout à fait comme je vous l'avais laissé entendre. Je sais, vous attendiez des dialogues feutrés, des regards en coin, une pointe d'exotisme, un glissement lent vers les frontières de l'érotisme soft, la montée graduelle vers ... enfin bref, quoi, tout ça ...

Ouais, bon ben, désolé, j'ai essayé, mais ça passe pas. Trop convenu, faut croire. Prévisible, décodé, attendu. On m'a vu venir de loin avec mes gros sabots enrobés de lingerie fine.

Eh oui, que voulez-vous, avec les nouveaux modes d'écriture, l'interactivité, le dialogue auteur-lecteur, tout ça, j'ai senti que j'allais dans le mur, dommage mais c'est comme ça, alors je rembarre ma lingerie fine, tant pis pour les invraisemblances et les facilités de style (pas mal, hein, dans le genre, la "pulposité carminale" ...) et je verse dans le gore hémoglobinal.]


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... Na.

vendredi, décembre 02, 2005

Histoire à poursuivre

Les voyageurs sont priés de ne pas mettre d’obstacle

(histoire à poursuivre)

Je l’ai d’abord entendue courir sans la voir.

Un tac-tac heurté de talons hauts, dissimulé par le coude du couloir de la station de métro. La sonnerie de fermeture de la rame continuait à retentir, et je calculais mentalement la distance qui lui restait à parcourir avant de parvenir aux portes.

C'est sûr, elle n’y arriverait pas.

Puis je la vois déboucher, continuer à courir et même accélérer, malgré la faible probabilité de succès. Un bon point pour elle. Mais les portes se ferment à cet instant précis.

Elle n’en a cure. Déterminée, elle se jette en travers de la porte. Plus exactement, elle jette en avant deux sacs de courses, d’élégants sacs en papier fort, portant les couleurs de magasins en vue. Et une jambe aussi. Fine. Collant noir.

Malgré tout, c’est un peu juste. Les mains encombrées par ses paquets, elle ne peut écarter les battants de la portes, qui s’obstinent dans leur aveugle logique pneumatique : elles ont reçu l’instruction de se fermer, elles se fermeront.
Quitte à écraser l’élégant carton de lingerie qui dépasse du premier sac.
Elle a sans doute présumé de ses forces. Elle est sur le point de renoncer, elle va reculer le pied et tenter de sauver ses dessous de luxe d’un triste écrasement métropolitain.

Non.

Deux mains viennent écarter les battants de la porte. Les miennes. Les portes m’opposent une résistance inattendue. Stupides mécaniques ! Je dois m’y prendre à deux fois, me coller contre la porte et écarter brutalement les portes, qui cèdent d’un coup. Emportée par son élan, elle se projette en avant, tandis qu’emporté par l’élan inverse, je me trouve être précisément l’obstacle sur lequel elle aboutit.
Bref, nous entrons en collision. Pas le temps de faire un constat, les portes insistent pour se fermer à nouveau. Je l’empoigne par le bras et l’aide à entrer. Les portes se referment.

Le wagon, vide de tout voyageur en ce début d’après-midi, approuve ma conduite.
La rame s’ébranle et pénètre dans le tunnel.

Elle me jette un rapide coup d’œil, et me lance un bref ‘merci’, qui suffit à révéler un accent étranger, sans doute est-européen. Polonaise, sans doute, ou Roumaine. Ou Tchèque, Slovaque, Russe ou Bulgare. De toute façon, je ne connais rien à ces accents, et ne suis jamais allé plus loin vers l’Est que Nancy. Ma frontière à moi, c’est l’Atlantique.

Mais je l’imagine fugacement en espionne qui venait du froid, experte en art martiaux, en poisons subtils et en dessous de soie. Depuis la chute du Mur de Berlin, il est plus probable qu’elle soit étudiante ou femme d’affaire. J’ai d’ailleurs du mal à la classer dans l’une ou l’autre catégorie, hésitant à lui donner 22 ou 30 ans.

Tout à mes pensées, j’ai laissé mon regard fixé sur elle. Elle le supporte sans ciller.

Elle pourrait aller s’installer loin de moi dans le wagon vide, mais elle reste là, à soutenir mon regard.

Ce bref duel visuel ne dure pas et c’est elle, la première, qui a la sagesse de détourner les yeux pour nous éviter charitablement de sombrer dans le ridicule.
Je me rassieds, elle en fait de même, toujours en face de moi. Je regarde ailleurs.
Le wagon grince et tangue dans le tunnel obscur, scandé de brefs éclairs au néon.
Un silence très relatif s’installe entre nous, au milieu de ce concert métallique.
Je jette un coup d’œil aux sacs froissés, dont le contenu ne semble pas avoir souffert. J’aimerais le vérifier.

A nouveau, elle surprend mon regard et semble deviner mes pensées.

Bien sûr, elle ne dit rien, mais laisse flotter sur ses lèvres l’ombre d’un imperceptible sourire.

Cinq ou six stations passent ainsi, des voyageurs entrent et sortent, et nous arrivons au terminus.

Je sors le premier. Elle me suit, il n’y a d’ailleurs qu’une seule sortie.
Là, au lieu de prendre le chemin qui m’aurait conduit chez moi et part sur la droite, d’instinct, je prends sur la gauche. « Si elle me suit, je continue » …

Elle me suit, à distance raisonnable.

J’entends à nouveau le tac-tac de ses talons, cette fois régulier et souple.
A deux reprises, je refais le pari : « … si elle me suit, je continue ». Elle me suit, et donc je continue, mais je ne sais plus où je suis.

Je m’arrête au milieu de la rue, et l’attend.

– Excusez-moi, Mademoiselle, mais je suis perdu.

Elle ne relève même pas l’incongruité de ma phrase, et me répond :

– Tout dépend de l’endroit où vous désirez vous rendre.

C’est de sa faute : c’est elle qui a parlé de l’endroit où je « désire » me rendre, et non de l’endroit où je « dois » me rendre.

Donc je lui réponds : « chez vous ».

Silence.

Je m’apprête à bredouiller un sourire gêné et à partir, mais elle reprend, sans élever la voix : « alors vous y êtes ».

Nouveau silence, plus court, celui-là.

Elle sort des clés de sa poche, ouvre la porte de l’immeuble et s’efface pour me laisser passer.

J'entre.


[voilà, à vous maintenant ...]


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