Nemyo's

lundi, août 28, 2006

Courant alternatif discontinu

Lui : « Oui ».

Elle : « Non. Finalement, je ne veux pas te voir. Pas un seul jour, un seul soir, même une minute. Je ne veux pas courir le risque de te vouloir ensuite tout entier, et tous les jours. Je ne veux pas te voir, pour ne pas y croire. »

Lui : « Oui. Je te veux un soir, une nuit, encore un soir et encore une nuit, puis d’autres encore, mais je ne te veux pas tout entière. Je te veux par fragments et par moments. Je désire ton sexe lorsque je le pénètre, je désire tes seins lorsque je les caresse, je désire tes yeux lorsque je les bois, je désire tes mains lorsqu’elles me dessinent, je te désire par morceaux, instant par instant, centimètre carré par centimètre carré, mais je ne te veux pas en continu. »

Elle : « Continue ».

Lui : « Non, je ne commence pas si c’est pour ne plus pouvoir arrêter. Et je ne veux pas que tu m’aimes. »

Elle : « Je n’arrive pas à savoir si tu es parfaitement sage ou simplement très lâche. Ou incroyablement vaniteux. Qu’est-ce qui te fait croire que je pourrais t’aimer, et pas toi m'aimer ? »

Lui : « Je n'y pensais pas, puisqu'on ne se connaît qu'à peine, et au travers de masques et de filtres. Mais à présent je crois que tu pourrais m'aimer parce que tu m’as dit ne pas vouloir en prendre le risque. Donc tu y crois. Et moi je te crois. Mais je ne pense pas vraiment que ce soit un risque, du moins de mon point de vue car si tu m’aimes je partirai. Toi, tu es prête à prendre le risque que je t’aime, mais pas celui que je ne t’aime pas. Moi, je veux bien courir le risque de t’aimer –car au fond je n’y crois pas– mais pas celui que tu souffres de voir que je ne t’aime pas. Car je partirai, je me sentirai lâche, je ferai souffrir quelqu'un sans l'avoir voulu et ce sont des idées qui me sont désagréable. Je ne suis ni un saint ni un salaud, mais je tiens un peu à l’idée que je me fais de moi. »

Elle : « Finalement, tu es un peu les trois : sage, lâche et vaniteux. »

Lui : « Peut-être. Si tu y tiens. Je me fous des adjectifs. Je veux coucher avec toi, et n’exister dans ta vie que pendant ces moments là. Ce n'est pas si restrictif que cela en a l'air, tu sais ? Cela peut couper le souffle, même pour quelques moments. Si l'on faisait le compte des moments intenses et inouis que l'on vit dans une vie, un peu comme un cinéaste sur une table de montage, je crois qu'on retiendrait à peine de quoi remplir un jour ou deux. Alors, avoir quelques uns de ces moments là avec toi, pourquoi pas ? Mais je ne veux pas que tu penses à moi en dehors de ces instants. Je ne veux être qu’un de ceux qui a couché avec toi, qui couchera encore avec toi, mais je ne veux pas être unique. Ou alors unique, mais par instants, pas dans la durée. »

Elle : « Tu te crois aussi fort que ça, tu crois que tu peux te commander, et me commander, comme un interrupteur, que tu peux crier "coupez" comme sur un tournage ? Et si la prise n'est pas bonne, on la coupe au montage ? »

Lui : « Au fond, oui, je le crois, mais je ne devrais pas te le dire : cela te vexerait, ou choquerait, ou les deux, et je diminuerais mes chances de coucher avec toi. A moins que ce ne soit l’inverse : cela pourrait te provoquer, te défier, et tu pourrais chercher à me détromper. Dans ce cas, les probabilités que nous couchions ensemble augmenteraient. C'est fréquent : la même action peut avoir deux résultats diamétralement opposés, et je n’arrive pas à déterminer lequel est le plus probable. »

Elle : « Pourquoi tu m’exposes tous tes petits calculs, ta petite machinerie tactique pour coucher avec moi ? »

Lui : « Parce que je crois que de toute façon cela n’arrivera pas. »

Elle : « C’est encore une façon de me provoquer, pour obtenir le résultat inverse ? »

Lui : « Oui. »

Elle : « Ordure. Maintenant non seulement je sais que je ne coucherai pas avec toi, mais je vais le regretter. »

1 Comments:

  • Elle dit : "je saigne!"

    Elle dit : "aimer ou ne pas aimer, çà ne se commande pas. Le saura-t-il un jour ? "


    Elle dit : "il est unique dans son genre... inoubliable..."

    Elle se tait, les larmes inondent son visage.

    moi

    By Anonymous Anonyme, at 10:34 PM  

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