Nemyo's

jeudi, octobre 28, 2004

Déjeuner chez Wittgenstein (Ritter, Dene, Voss)

Vu hier au Théâtre Montparnasse la reprise de la pièce de Thomas Bernhardt dans une mise en scène finalement assez sage de Hans Peter Cloos.

Tant mieux (la sagesse de la mise en scène) : les acteurs se sont emparés du texte avec une féroce énergie qui n'avait pas besoin d'artifices pour s'exprimer.

Et quel texte ... folie sous-jacente, trio névrotique et incestueux, dialogues qui n'en sont pas et semblent ne pas se répondre, mais rebondir l'un sur l'autre. Mention aux deux actrices, Catherine Rich et Edith Scob, qui font mieux qu'exister face à Vaneck, personnage que le texte de la pièce favorise. Elles lui cisèlent un podium où il s'exhibe, explose, remue pour mieux ensuite se courber.

bref, j'ai aimé.

mardi, octobre 26, 2004

un port

L’eau sale qui clapote entre la coque et le quai
a la peau tachée d’huile et le goût des regrets.

Mais elle reste la vague, redevient Océan
au départ du navire un matin de printemps.

lundi, octobre 25, 2004

actualité actuelle d'aujourd'hui

Les Echos d'aujourd'hui : "George W. Bush et John Kerry ont dépensé la somme record et vertigineuse d'un milliard de dollars dans la campagne pour l'élection présidentielle"

Et puis ici, aujourd'hui aussi, à peu près au même endroit dans le système solaire, mais pas dans le même monde : "Le phénomène du port du string en CP est en voie d'extension".

Aargh. Sidérant téléscopage de deux news de dimension cosmico-planétaire.

Au moins, je crois. euh, ... "galactico-planétaire" est admis aussi.


"... selon les derniers sondages sortie-des-cabines-d'essayage, le string et le boxer restent au coude à coude (mais comment qu'y font ?) dans l'Ohio et en Floride ; les deux candidats font campagne en-dessous de la ceinture"

Ah, au fait, dehors, c'est encore l'automne mais plus pour longtemps, car le soleil se couche, et alors ce sera la nuit. une nuit d'automne, mais quand même. une nuit.

Avec un soupçon d'été indien en plus, vu de ma fenêtre (ça, c'était la météo microscopico-liliputienne). mais la nuit, tous les indiens d'été sont des indiens de nuit. donc, pas d'été indien en automne, quand c'est la nuit.

logique.

voilà. cette page se réactualise automatiquement tout les cinq ou six millénaires.

à bientôt.


Vinaigre

Il est rare que les gens bonifient avec le temps, comme les vins.

Ma mère, elle, a viré au vinaigre depuis pas mal de temps. Aigreurs, rancoeurs et méchanceté perverse font l'essentiel de son quotidien. Je m'en protège, et ne la vois plus que deux ou trois fois par an.

Mais ...

Mais elle était bibliothécaire "avant", et m'a intronisé dans son royaume quand j'avais huit ans.

Et pendant six ou sept ans, jusque vers mes quatorze ou quinze ans, deux ou trois jours par semaine, j'allais la rejoindre après l'école pour fouiller le long des rayonnages, de sinistres et interminables rangées métalliques éclairées au néon, mais où brillaient tous les trésors du monde. Je lisais tous les livres, avant de découvrir que la chair n'est pas si triste que cela ...

Rien que pour cela, merci.

lundi, octobre 18, 2004

le dilemne de l'équilibriste

Difficile, finalement, de faire vivre un blog en louvoyant entre ses contradictions.

L'option "journal intime" peut être très vite lassante en ne mettant en relief que des micro-événements.

L'option "je pense donc je suis (bloggeur)" a aussi ses limites : la philosophie du trottoir qui navigue entre l'histoire du grain de sable et l'invasion des touristes à Paris finit forcément par se prendre les pieds dans le tapis (roulant).

... bien sûr, la plus populaire reste l'option "je regarde sans fin mon nombril, centre de gravité immuable du monde moderne", mais bon, ... euh, comment dire, je ne voudrais pas dire de mal de mon nombril, mais il n'est, comment dire, voyons ... il n'est peut-être pas le centre du monde, après tout (aargh, ça y est, je l'ai dit !)

et puis il y a l'option consistant à s'interroger sur la meilleure façon de s'interroger sur un blog, mais elle a tout du serpent qui se mange la queue : mise en abyme de la mise en abyme (elle-même mise en abyme).

Bon, j'arrête (le post, pas le blog, enfin pas maintenant, jusqu'à ce que je trouve encore quelque chose à dire qui vaille la peine).

voilà.

vendredi, octobre 15, 2004

Kiosquier

A part que ce n'est pas prononçable, kiosquier, c'est un beau métier.

D'accord, t'es debout toute la journée, t'as froid l'hiver, tu dois déployer fissa la bâche plastique sur les présentoirs extérieurs quand il pleut, tu râles contre ceux qui achètent "Le canard enchaîné" (1,20 €) avec un billet de 20 € à 7h30, tu réponds 50 fois par jours aux touristes que "non, je ne sais pas où est la Tour Eiffel" (menteur !) et surtout tu enrages contre les dealers de "Metro" et autres "Vingt Minutes" qui planquent sournoisement à quelques mètres et t'arrachent tes clients, mais ...

... mais

tu peux reluquer les affiches de FHM en prétendant lire "Le Monde Diplomatique",

t'es le premier à savoir si Brandon est sincère avec Kyria (au niveau de ses sentiments gonadiques, t'vois ?),

tu sais tout des courses à Vincenne ou Chantilly ("oui, Emphygourion du Plâtrier -toque fushia, casaque mauve, tête plate, caleçon à fleur, tatouage sur l'épaule gauche- méritait la victoire dans le Prix de Diane"),

tu peux collectionner en douce les rebuts des éditions Atlas (149 fiches plastifiée en vrai papier plastifié sur la vie sexuelle du bifidus actif, celui qui fait du bien à l'intérieur en allégeant ton portefeuille à l'extérieur, la première fiche à 1,49 € seulement !),

tu récupères les DVD promotionnels (149 DVD en vrai plastique dévédé sur la vie sexuelle du bifidus actif, celui qui, etc.),

et t'habites un belle maison en plein Paris.

Pas de doute, kiosquier, c'est un beau métier.

Bizarre, celui qui était en face de "ma" station de métro vient de fermer boutique : trop d'invendus, trop de DVD, trop de journaux "gratuits", marre des touristes égarés, marre de se faire braquer sa micro-caisse par des collectionneurs de pièces jaunes/marron (on soupçonne Bernadette C., Paris 8ème, mais l'enquête piétine).

Bon, je prendrai le métro à la station d'après, celle où il y a encore un kiosquier, parce que c'est un beau métier, kiosquier.

(à part que c'est pas une vie).

(et que c'est pas prononçable).

lundi, octobre 11, 2004

Autumn leaves

Voilà, retour à Paris après deux semaines assez denses.

Je pose mes valises. Celles que j'ai sous les yeux.

Ce week-end, l'été indien a réchauffé Central Park, et j'en ai profité jusqu'à plus soif. Le parc est si grand que même avec la cohue du week-end, il n'était pas surpeuplé ; ou alors est-ce parce que lundi est férié (Columbus day) et que tous les new-yorkais sont partis pour trois jours dans le New-Jersey ou les Appalaches ?

Lower Manhattan : je n'y étais plus retourné depuis longtemps, le site de Ground Zero est maintenant nettoyé, excavé, grillagé, et attend sa reconstruction ; presque partout, les petits autocollants, les poèmes, les photos de "Brad, beloved father, son and brother" ou de "Jerry, firefighter, American hero", les morceaux de bouquets, tous ces petits autels improvisés il y a trois ans ont aujourd'hui disparu. Il n'en reste plus, semble-t-il, qu'ici et là, un ou deux, par accident, ou encore parce qu'ils attirent les touristes et servent donc de point de ralliement à tous les vendeurs de livres commémoratifs ...

Curieuse ville qui digère et recycle ses drames avec une foi inébranlable dans l'avenir, avec un optimisme volontariste qui passerait, ici en Europe, pour de la béatitude niaise. Et pourtant, en partie, ça marche, même si c'est au prix d'une candide ignorance du reste du monde...

Regardé en direct le deuxième débat Bush/Kerry : qui a dit, en Europe (et surtout en France) que Bush était un crétin ? Il est vif, sournois, séduisant, ironique, faussement direct. Très fort, même s'il suffit de deux secondes de réflexion pour voir les failles, la démagogie, les mensonges, les faux syllogismes ... Oui, mais justement, il faut deux secondes de réflexion.

Kerry est très fort aussi, dans un autre registre, plus droit, presque austère. Il fait appel à l'intelligence et a l'air moins filou. Il est donc mal parti ...


mardi, octobre 05, 2004

décalage ... (et Begbeider)

... horaire. (le décalage)

Je suis un voyageur d'élite, disciple du Grand Mage Samsonite.

Je me pique aux fuseaux horaires, m'endors jet-lagged dans les executive lounges des business class bourrés de frequent flyers. Oh yeah.

Mes meilleurs amis sont des blocs multiprises, compatibles avec toutes les prises électriques du monde, pour recharger l'armada de petits appareils qui m'escorte fidèlement (téléphone, ordinateur, blackberry, iPods, PDA, etc.). Vivement qu'un jour tout cela ne tienne plus que dans une puce directement intégrée au cerveau, pour parfaire l'esclavage électronique.

Seule lecture que tolère mon cerveau rétréci : les magazines des compagnies aériennes. Une bouillie rédactionnelle standardisée.

Mais, parfois, on y apprend des choses, quand même.

Par exempler, Begbeider.

- Quoi, Begbeider ?

- Ecoute : hier, dans le vol Air Baltic entre Stockholm et Riga, j'ai vu la tronche permanentée de Frédéric Begbeider, invité d'"honneur" à Riga d'un festival publicitaire baptisé "Golden Hammer" (ils récupèrent tout, même la pseudo-dérision sur leur propres techniques de matraquage abrutissant).
On apprend de la bouche ce bouffon grassement rémunéré pour cracher dans une soupe dont il s'est longtemps délecté, qu'après avoir produit son petit pet malodorant à 99 francs, il a tranquillement attendu de se faire virer, bien sûr sans vouloir démissionner car il aurait été, le pauvre chéri, privé des Assedic.
Du parasitisme mondain élevé au rang d'un art.
Un petit racket de petit monsieur.

- A moins qu'il n'ait tout compris ?

- Que veux-tu dire ?

- Ben oui, il prend le système au mot, il l'exploite à son profit. Finalement, être un parasite revendiqué d'un système dénoncé, c'est pas si con.

- Bien sûr, c'est facile à dire, quand on prend le "système" comme une abstraction théorique. Mais au risque de paraître scrogneugneu, je te rappelle quand même qu'il y en a quelques-uns qui le font vivre le système, pour que d'autres puissent en profiter.

- Oui, mais toi aussi tu en profites du système, à ta façon, non ?

- Peut-être, mais je m'abstiens de prétendre mépriser ce qui me fait vivre.

- En es-tu si sûr ? Relis le début de ta note ...

- Tu m'énerves. Dis donc, toi, tu es sûr que tu ne confonds pas cynisme et clairvoyance, mépris et intelligence ?

- Ah bon, et depuis quand y a-t-il une différence ?

- Euh, je ne sais pas, en fait. Tu as peut-être raison. Mais ce genre de poseurs prétentieux, creux et sentencieux m'exaspère. Finalement, ce n'est peut-être qu'une question d'apparence.
... bon, excuse moi, je n'ai pas le temps d'y penser, je repars à New York demain.

- Bon voyage, alors.

- C'est ça, vas-y, fous-toi de ma gueule!


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