Ils arrivent, ils débarquent, ils sont là.
Ils arrivent, ils débarquent, ils grouillent, ils se répandent, les voilà. Les touristes à Paris.
Roses et gras Américains dont les Nike flambant neufs transportent d'aimables surcharges pondérales aux quatre coins de la ville, groupes soudés de gloussantes étudiantes japonaises, hordes débraillées de cadres moyens chinois tonitruants, routards improbables aux regards vides et aux iPods remplis. Des Russes aussi. Habillés à la dernière mode de ... enfin, là, quoi, la mode de ... par là, genre, euh, la dernière mode de sûrement quelque part, entre Oulan-Bator et Novgorode. Et des neo-Européens en pagaille, Polonais, Hongrois, Roumains, Tchèques. Habillés presque comme nous, ils sont très forts. Il va falloir se méfier.
Dans le métro, cohabitation amusante avec le prototype immuable du cadre parisien pressé, dont l'unique concession à l'été est d'avoir retiré sa cravate. Agglutinés aux portes, ils se lancent dans d'interminables discussions à chaque arrêt, d'où émergent à grand peine des noms de stations à travers le filtre d'improbables accents (comment dit-on "La Motte Piquet - Grenelle" en mandarin ?). Ils ne maîtrisent aucun des codes implicites du déplacement parisien souterrain, et restent sourds aux borborygmes énervés des autochtones (nous) qui les prient de s'écarter des sorties. Ils parviennent d'ailleurs ainsi à accomplir l'exploit rare de faire communiquer entre eux quelques exemplaires de l'homo parisianus, sur un mode mi-agacé, mi-méprisant.
Hier, face à un Anglais au pelage luisant sous le coup de soleil, dont l'expression perplexe devant la carte du métro évoquait Champollion devant la Pierre de Rosette, j'eus ce mouvement initial d'agacement.
Puis, je me suis souvenu qu'après tout, je ne suis parisien que depuis une dizaine d'années, et qu'il ne m'est pas interdit de me souvenir que dans mes autres vies et autres villes (Bruxelles, Londres, Montréal), j'ai autrefois été un être humain. Si, si, il m'est même arrivé de sourire pendant plus d'une nano-seconde.
Alors je lui ai expliqué le trajet. A sa grande surprise. Et la mienne.
C'était ma bonne action de la journée. Moralement épuisante. Il va falloir que je me resaisisse. Demain, je reprends mon arrogante, puissante et, pour tout dire, allemande berline, et j'essayerai d'écraser un piéton. Une vieille dame de préférence, les os sont plus fragiles, les dégats sur le pare-chocs en seront réduits d'autant. Allons, haut les coeurs. Tout n'est pas perdu.
Roses et gras Américains dont les Nike flambant neufs transportent d'aimables surcharges pondérales aux quatre coins de la ville, groupes soudés de gloussantes étudiantes japonaises, hordes débraillées de cadres moyens chinois tonitruants, routards improbables aux regards vides et aux iPods remplis. Des Russes aussi. Habillés à la dernière mode de ... enfin, là, quoi, la mode de ... par là, genre, euh, la dernière mode de sûrement quelque part, entre Oulan-Bator et Novgorode. Et des neo-Européens en pagaille, Polonais, Hongrois, Roumains, Tchèques. Habillés presque comme nous, ils sont très forts. Il va falloir se méfier.
Dans le métro, cohabitation amusante avec le prototype immuable du cadre parisien pressé, dont l'unique concession à l'été est d'avoir retiré sa cravate. Agglutinés aux portes, ils se lancent dans d'interminables discussions à chaque arrêt, d'où émergent à grand peine des noms de stations à travers le filtre d'improbables accents (comment dit-on "La Motte Piquet - Grenelle" en mandarin ?). Ils ne maîtrisent aucun des codes implicites du déplacement parisien souterrain, et restent sourds aux borborygmes énervés des autochtones (nous) qui les prient de s'écarter des sorties. Ils parviennent d'ailleurs ainsi à accomplir l'exploit rare de faire communiquer entre eux quelques exemplaires de l'homo parisianus, sur un mode mi-agacé, mi-méprisant.
Hier, face à un Anglais au pelage luisant sous le coup de soleil, dont l'expression perplexe devant la carte du métro évoquait Champollion devant la Pierre de Rosette, j'eus ce mouvement initial d'agacement.
Puis, je me suis souvenu qu'après tout, je ne suis parisien que depuis une dizaine d'années, et qu'il ne m'est pas interdit de me souvenir que dans mes autres vies et autres villes (Bruxelles, Londres, Montréal), j'ai autrefois été un être humain. Si, si, il m'est même arrivé de sourire pendant plus d'une nano-seconde.
Alors je lui ai expliqué le trajet. A sa grande surprise. Et la mienne.
C'était ma bonne action de la journée. Moralement épuisante. Il va falloir que je me resaisisse. Demain, je reprends mon arrogante, puissante et, pour tout dire, allemande berline, et j'essayerai d'écraser un piéton. Une vieille dame de préférence, les os sont plus fragiles, les dégats sur le pare-chocs en seront réduits d'autant. Allons, haut les coeurs. Tout n'est pas perdu.
1 Comments:
bonjour, c'est la première fois que je viens te lire et je dois avouer que cela me plait, je voulais te remercier également de ton passage chez moi..
ludecrit
By Anonyme, at 4:43 PM
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