Nuit des étoiles
Retour. Adieu mon île océane, blanche et salée.
J'ai fermé les volets qui battaient dans le vent, affalé les voiles, dégréé le bateau et remisé les vélos. Hier, pieds nus dans le sable tard le soir, je me suis couché sur la plage déserte. Loin du village, le ciel est noir, et les étoiles m'enivrent, m'assaillent, m'écrasent. Impression d'être ce minuscule insecte accroché à la proue d'un titanesque vaisseau spatial, sentir dans mes os les craquements de la charpente planétaire, ivresse de l'immensité, fragments d'émerveillements enfantins sans cesse renouvelés depuis toutes ces années, puis reflux de la marée, rêveries bercées par le clapotis qui s'éloigne imperceptiblement.
Ce matin, réveil à la pointe de l'aube, dernier regard sur le portail en vieux chêne massif, à la peinture gris-bleu délavée, je remonte la rue endormie. Un bac, puis mon train m'attend.
Je sais que je reviendrai souvent, à présent, mais ce départ furtif m'arrache encore un lambeau d'écorce. A rebours de la culture "35 heures", je n'apprécie guère le saucissonage des vacances, et le long soleil du mois d'août conserve à mes yeux la saveur alanguie d'un "entre-deux" paresseux et hors du temps.
Paris. Ils n'ont touché à rien, tout est en place. Moiteur du métro, arrogance métallique de la tour Eiffel aperçue de mon bureau. Ils n'ont touché à rien, mais il reste ça et là quelques traces de l'été finissant. Tout est plus silencieux, moins de voitures dans les rues, et j'en ai même vu qui, bien qu'immatriculées "75", ont ralenti pour laisser passer un piéton. Rare état de grâce, fragile et certainement éphémère. Le Parisien n'est supportable qu'entre le 15 août et le 1er septembre.
Bientôt reprendra la ronde des voyages immobiles, ceux où je me faxe d'une ville à l'autre, sans prendre le temps magique et précieux du voyage. Et je repense à ces trois livres lus cet été, parmi d'autres, où Bernard Ollivier raconte ses 12000 kilomètres parcourus à pied entre Istambul et Xi'Ang, sur la route de la soie.
J'ai fermé les volets qui battaient dans le vent, affalé les voiles, dégréé le bateau et remisé les vélos. Hier, pieds nus dans le sable tard le soir, je me suis couché sur la plage déserte. Loin du village, le ciel est noir, et les étoiles m'enivrent, m'assaillent, m'écrasent. Impression d'être ce minuscule insecte accroché à la proue d'un titanesque vaisseau spatial, sentir dans mes os les craquements de la charpente planétaire, ivresse de l'immensité, fragments d'émerveillements enfantins sans cesse renouvelés depuis toutes ces années, puis reflux de la marée, rêveries bercées par le clapotis qui s'éloigne imperceptiblement.
Ce matin, réveil à la pointe de l'aube, dernier regard sur le portail en vieux chêne massif, à la peinture gris-bleu délavée, je remonte la rue endormie. Un bac, puis mon train m'attend.
Je sais que je reviendrai souvent, à présent, mais ce départ furtif m'arrache encore un lambeau d'écorce. A rebours de la culture "35 heures", je n'apprécie guère le saucissonage des vacances, et le long soleil du mois d'août conserve à mes yeux la saveur alanguie d'un "entre-deux" paresseux et hors du temps.
Paris. Ils n'ont touché à rien, tout est en place. Moiteur du métro, arrogance métallique de la tour Eiffel aperçue de mon bureau. Ils n'ont touché à rien, mais il reste ça et là quelques traces de l'été finissant. Tout est plus silencieux, moins de voitures dans les rues, et j'en ai même vu qui, bien qu'immatriculées "75", ont ralenti pour laisser passer un piéton. Rare état de grâce, fragile et certainement éphémère. Le Parisien n'est supportable qu'entre le 15 août et le 1er septembre.
Bientôt reprendra la ronde des voyages immobiles, ceux où je me faxe d'une ville à l'autre, sans prendre le temps magique et précieux du voyage. Et je repense à ces trois livres lus cet été, parmi d'autres, où Bernard Ollivier raconte ses 12000 kilomètres parcourus à pied entre Istambul et Xi'Ang, sur la route de la soie.
3 Comments:
le temps magique et précieux du voyage...
belle chronique que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire..
Ludecrit
By Anonyme, at 10:30 AM
Et si un retour vers des lieux familiers devenait pretexte a un retour vers un soi redecouvert? S'en aller n'est pas fuire, mais c'est au retour seulement, peut-etre, qu'on peut percevoir ce que l'ailleurs nous a donne, a place en nous.
Hepao
By Anonyme, at 3:12 AM
Momo, Ludecrit, Hepao/
Merci pour vos mots, plaisir à vous lire, j'avais oublié que le retour à la ville et au computère est aussi le retour vers des voix à peine entrevues (ou entr'ouïes ?) et amicales.
By Nemyo, at 12:39 PM
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