Avez-vous, avez-vous déjà ?
Avez-vous déjà visité un port, je veux dire vraiment visité, fouillé les entrailles et ouvert les viscères de ce meccano géant, assemblage titanesque de grues, de ponts de roulage et de quais criblés d'entrepôts ?
Avez-vous déjà parcouru ces alignements interminables de conteneurs, écouté le vacarme assourdissant des chaînes de grues grinçant sous l'effort, le grondement des noria de camions qui vident lentement les quais surchargés, concert mécanique sur fond de cris de mouettes ?
Avez-vous déjà humé l'odeur puissante, sulfureuse et ammoniaquée, répugnante et pourtant enivrante, dégagée par les torchères d'un complexe pétrochimique tout proche ?
Avez-vous déjà levé les yeux sur les navires à quai, sur les murailles d'acier de leurs coques alignées comme à la parade, avez-vous déchiffré les noms, les ports d'attache de tous ces monstres ?
Malgré tout ce que vous savez sur la dure réalité du commerce mondial, les rotations épuisantes d'équipages sous-payés et sous-qualifiés, les multiples écrans juridiques et financiers derrière lesquels se dissimulent des armateurs friands de vieux bateaux à simple coque, tellement moins chers car tellement moins sûrs, en dépit de tout cela, avez-vous déjà, dans ce vacarme sonore et visuel, avez-vous furtivement rêvé aux cap-horniers du début du siècle dernier, aux cargos coloniaux regorgeant de café et de cacao, aux voyages de Cendrars naviguant vers ses Pâques à New York, à Michaud et Conrad ?
Avez-vous ? Avez-vous déjà ?
Vous êtes-vous déjà senti minuscule et tout-puissant ?
J'étais à Anvers hier.
Avez-vous déjà parcouru ces alignements interminables de conteneurs, écouté le vacarme assourdissant des chaînes de grues grinçant sous l'effort, le grondement des noria de camions qui vident lentement les quais surchargés, concert mécanique sur fond de cris de mouettes ?
Avez-vous déjà humé l'odeur puissante, sulfureuse et ammoniaquée, répugnante et pourtant enivrante, dégagée par les torchères d'un complexe pétrochimique tout proche ?
Avez-vous déjà levé les yeux sur les navires à quai, sur les murailles d'acier de leurs coques alignées comme à la parade, avez-vous déchiffré les noms, les ports d'attache de tous ces monstres ?
Malgré tout ce que vous savez sur la dure réalité du commerce mondial, les rotations épuisantes d'équipages sous-payés et sous-qualifiés, les multiples écrans juridiques et financiers derrière lesquels se dissimulent des armateurs friands de vieux bateaux à simple coque, tellement moins chers car tellement moins sûrs, en dépit de tout cela, avez-vous déjà, dans ce vacarme sonore et visuel, avez-vous furtivement rêvé aux cap-horniers du début du siècle dernier, aux cargos coloniaux regorgeant de café et de cacao, aux voyages de Cendrars naviguant vers ses Pâques à New York, à Michaud et Conrad ?
Avez-vous ? Avez-vous déjà ?
Vous êtes-vous déjà senti minuscule et tout-puissant ?
J'étais à Anvers hier.
2 Comments:
Hier, j'ai lu tes mots.
By Anonyme, at 2:01 AM
bonjour anonymous, évanescent(e) et discret(e) lecteur(trice). merci de ton message.
Nemyo
By Nemyo, at 10:27 AM
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