Nemyo's

mardi, octobre 25, 2005

Improblog (3) : l'amour, le destin, tout ça

Donc : l'amour, sa définition, sa douleur, son oubli ; et le destin, la capacité à changer les choses. Ou non.





- (...)

- Que dis-tu ?

- (...)

- D'accord, tu ne dis rien.

- (silence) ... je cherche, ce n'est pas facile.

- Quoi ?

- Ben le sujet, tu vois, l'amour, le destin, la souffrance, n'a-t-on qu'un seul Amour, fait-il souffrir, peut-on oublir, vivre un autre amour sans avoir l'impression de remâcher un chewing-gum desséché ? Après un amour, faut-il craindre de revivre ce même élan au risque de déchirer l'image gardée au fond de soi ?

- Tu interprètes, là, elle a pas demandé tout ça, Emilie.

- Si, justement, et bien davantage encore.

- Tu crois ?

- Oui, elle a dit : "tu vois le genre", c'est plutôt ouvert, non ?

- Ah, oui, alors je comprends que ce ne soit pas facile.

- (long silence) ... D'abord, il faut traiter le sujet sous forme de dialogue, si on parle d'amour, c'est plus logique.

- Tu trouves ? Je n'en suis pas sûr, moi.

- Ah non, ne commence pas à tout embrouiller !

- Non, je suis sérieux : pour vivre un amour il faut être au moins deux, mais pour en parler, être tout seul c'est déjà presque trop.

- Tiens, tu es philosophe, maintenant ?

- Forcement, puisque je suis toi.

- Non, tu n'est pas moi, c'est nous qui sommes lui.

- Qui, lui ?

- Ben lui, Nemyo, enfin, ... plutôt celui qui se fait appeler Nemyo.

- Ah, lui. Oui, peut-être (...) tu crois pas qu'on s'éloigne du sujet ?

- Comment veux-tu qu'on s'éloigne d'un sujet qui englobe tous les autres ?

- C'est ça, c'est ça, continue à esquiver, et continue à me prendre pour un con.

- Bon, ok, j'admets, je ne sais pas trop comment le prendre : l'amour, sa définition, sa douleur, son oubli ... et puis le destin aussi, la capacité à changer les choses ?

- C'est la même question, non ?

- Oui, si on veut. Mais j'ai peur d'être pompeux, d'aligner les aphorismes, de débiter des platitudes déguisées en réflexions de vieux sage. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Surtout pas l'autre.

- (long silence) Et si tu essayais de faire ... simple ?

- Tu veux dire, arrêter d'esquiver ?

- Oui.

- Salaud.

- Je sais.

- OK, je vais essayer.
(long silence).
L'amour, c'est la tentative d'apprivoiser cette expérience presqu'insoutenable qu'est l'altérité : aimer l'autre pour supporter de n'être pas l'alpha et l'omega. On aime pour ne pas trop se savoir incomplet. C'est la même chose pour la religion, d'ailleurs : une sorte d'escroquerie nécessaire. Pas étonnant d'ailleurs que le sentiment religieux se pare souvent des traits de l'amour et en emprunte les codes, comme un coucou emprunte le nid des autres. Dans l'"amour-complétude", le plaisir physique aide beaucoup, il peut même parfois avoir un semblant de vie autonome, mais jamais très longtemps.

La douleur ? C'est la perte de l'amour, qui renvoie à ses craintes, à son incomplétude. Mais la perte n'est rien. On peut supporter de tomber, si l'on sait que l'on va se relever. Ce n'est qu'une question de temps. Et l'on apprendra toujours à aimer ses cicatrices. L'oubli ? oui, bien sûr.

On oublie toujours. C'est neuro-chimique, physiologique. On ne peut vivre sans oublier.

Et le destin ? Oui, c'est vrai, le décor est en place, tu ne choisis pas toujours les lumières et la musique, et beaucoup de choses sont écrites à l'avance : mais ce sont des fragments de mots, des bouts de phrases. C'est à toi de composer le texte. Et de jouer la pièce, après. En aimant les autres acteurs, si possible.



- ... eh bien tu vois, ce n'étais pas si compliqué. Et, au passage, elle est pas mal, ta comparaison avec le théâtre. Facile, mais pas mal.

- Ta gueule.

(Rideau)

2 Comments:

  • On ne peut vivre sans oublier... Tu dis... Et moi, et d'autres on vit pourtant!?

    Le destin, exactement çà... mais c'est bon de le lire quelquefois,pour se rappeler que nous sommes ptre un peu, mais vraiment un ptit peu maître de notre destinée...

    C'est top ton truc...

    Merci Nemyo's


    Emilie

    By Anonymous Anonyme, at 5:25 PM  

  • voilà, là j'ai tout lu et j'aime la manière de dire les choses sous forme de dialogue qui n'est pas évidente car l'on s'interroge tout en s'amusant...merci pour cet excercice de style...

    By Anonymous Anonyme, at 8:25 AM  

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