portrait d'un lourd
Il porte beau.
Il ne marche pas, non, il fait progresser majustueusement son corps.
La cinquantaine déjà plus qu'à moitié parcourue, mais il est en forme.
Cheveux longs, carrure massive, joues rouges, lèvres charnues, vêtements de prix.
Bronzé jusque dans les -nombreux- plis du cou.
Je distingue une ondulation curieuse dans les boucles qui lui descendent dans le cou : il n'a probablement retiré son catogan que très récemment.
Je parierais qu'il bosse dans la pub, ou la com'. C'est ça, voilà d'où lui vient l'assurance qui transpire par toutes les pores de sa lourde veste de cuir : Monsieur est sûrement un créatif.
Il est grand, lourd, massif, surmonté d'une tête dont il est fier.
Le genre de tête qui aimerait tellement être reconnue.
Donc : un corps lourd précédée d'une tête connue, ou qui voudrait l'être.
Silencieusement mais sans discrétion, il regarde autour de lui, espérant si fort être reconnu que, effectivement, on finit par le dévisager en se demandant s'il ne s'agit pas de ... mais, si, attend, ça va me revenir, tu sais, le type qui ... , il était avec ... ("tu es sûr, non, je le voyais plus jeune" ...)
Il a sûrement du passer un jour à la télé et doit s'attendre depuis lors, comme un dû, à ce que chacun l'identifie ou, au moins, se dise qu'il croise quelqu'un de connu.
Mais là, dans le métro, personne ne le reconnaît.
On le regarde peu.
Je le sens vexé, il n'est pas loin de penser qu'il s'agit d'une offense personnelle. Les rustres ! On ne l'y reprendra plus à emprunter le métro !
Heureusement, son portable sonne.
Un petit bijou miniaturisé porté en pendentif.
Suprême ironie, la sonnerie imite le tintement grèle des anciens appareils. Ah, quel humour ! La pub, je vous dis, ou la com' ...
Il tonitrue, il volubile, éructe et s'épanouit.
La conversation est courte mais elle n'a pas pu échapper à quiconque dans la rame.
"A ce soir, ma grande. Bisou." dit-il en claquant le dernier mot.
Il est heureux, il rayonne.
Il rajuste son bijou sur l'imposant abdomen qui déborde du blouson.
Et puis là, l'affront. Inattendu, suprême et tellement jouissif.
Une jeune black se lève et, avec une infinie courtoisie, lui offre son siège, en murmurant : "vous voulez vous asseoir, Monsieur" ?
Il se fige, vitreux, estomaqué, il ne s'y attendait pas.
Balbutie, soudain penaud, "non, non, merci, ça va."
Je souris, elle me rend mon sourire.
L'air, dans le wagon, est soudain plus léger.
au fait, ici et aujourd'hui 15 décembre, une variation intéressante sur les liens, chers aux bloggeurs.
Il ne marche pas, non, il fait progresser majustueusement son corps.
La cinquantaine déjà plus qu'à moitié parcourue, mais il est en forme.
Cheveux longs, carrure massive, joues rouges, lèvres charnues, vêtements de prix.
Bronzé jusque dans les -nombreux- plis du cou.
Je distingue une ondulation curieuse dans les boucles qui lui descendent dans le cou : il n'a probablement retiré son catogan que très récemment.
Je parierais qu'il bosse dans la pub, ou la com'. C'est ça, voilà d'où lui vient l'assurance qui transpire par toutes les pores de sa lourde veste de cuir : Monsieur est sûrement un créatif.
Il est grand, lourd, massif, surmonté d'une tête dont il est fier.
Le genre de tête qui aimerait tellement être reconnue.
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Silencieusement mais sans discrétion, il regarde autour de lui, espérant si fort être reconnu que, effectivement, on finit par le dévisager en se demandant s'il ne s'agit pas de ... mais, si, attend, ça va me revenir, tu sais, le type qui ... , il était avec ... ("tu es sûr, non, je le voyais plus jeune" ...)
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On le regarde peu.
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3 Comments:
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